Kigali, surprends-moi encore
La capitale rwandaise fait désormais figure de petite ville modèle. Propre, fleurie, sûre et bien organisée, elle ne ressemble décidément plus à aucune autre.
Rwanda Inc.
À chacune de mes arrivées dans la capitale rwandaise, je m’étonne de constater qu’elle n’est plus tout à fait celle que j’avais laissée quelques mois auparavant. Toujours, quelque chose de nouveau accroche mon regard. Un bâtiment. Un magasin. Un message moralisateur du gouvernement sur un grand panneau. Kigali est un mouvement perpétuel. Elle court le plus vite, le plus loin possible, afin d’être prête pour le rendez-vous qu’elle s’est fixé en 2020, échéance de son plan stratégique de développement.
Mon attachement à cette ville, où je n’ai jamais été que de passage, tient à deux mots : ordre et propreté. L’ordre, c’est pouvoir débarquer à l’aéroport, y remplir tranquillement les formalités auprès des services de l’immigration, récupérer ses bagages et partir sans la moindre tracasserie. Au quotidien, c’est le respect par les Rwandais des quelques règles élémentaires et petites obligations posées dans l’intérêt de tous (dont s’autodispensent pourtant nombre de citoyens de la planète), comme celles de porter un casque pour le motocycliste et son passager ou d’attacher sa ceinture en voiture.
Quant à la propreté, dès le premier coup d’œil, ô surprise !, cela ne fait aucun doute : pour les Kigaliens, les rues ne sont pas des dépotoirs. Elles sont, visiblement, nettoyées tous les jours, sans que cela entraîne de frais exorbitants, les arbres (dont l’abattage est maintenant interdit par les autorités) et les fleurs sont quasi omniprésents. Enfin, la sécurité a aussi été tellement améliorée dans la ville que ses rues sont désormais réputées pour leur calme.
Ce qui fait bouger Kigali, ce sont surtout ses infrastructures et nouvelles constructions. Il y a de plus en plus d’hôtels et de restaurants. Tous pleins la plupart du temps. Les hôtels, grands et petits, sont surtout fréquentés par des étrangers ; les restaurants, grands et petits, surtout par des Rwandais. Comme partout, les revenus ne sont pas les mêmes pour tout le monde, mais, ici, chacun s’arrange pour s’offrir ce qui est à la portée de sa bourse. Et si tout le monde n’a pas de travail, notamment les jeunes, c’est la volonté d’en trouver ou de s’en créer un qui semble avoir pris le dessus.
Des citoyens proactifs
Les nouvelles entreprises fleurissent, qui génèrent de nouveaux emplois, notamment dans l’hôtellerie et la restauration. Beaucoup se lancent dans le commerce, achetant des marchandises en Ouganda ou au Kenya pour les revendre à Kigali. D’où par exemple les nouveaux magasins à Remera, l’un des quartiers les plus vivants de la capitale, où l’on vend des chaussures d’occasion importées d’Ouganda.
En parlant de Remera, ma plus grande surprise a été de constater, un dimanche, que toutes les banques du quartier étaient ouvertes. J’en ai même fait le tour pour comprendre le phénomène. Il était 19 heures. Toutes les agences étaient bondées de clients, sagement installés sur des sièges, qui attendaient leur tour. Preuve s’il en était besoin que l’arrivée de nouvelles banques dans le paysage financier rwandais sert vraiment à quelque chose.
Dans d’autres quartiers, comme Kacyiru, où les habitants ont un niveau de vie confortable, ces derniers n’attendent pas l’intervention de la municipalité pour résoudre un problème – par exemple se prémunir contre l’insécurité, même si elle est devenue plutôt rare, ou réhabiliter une chaussée défoncée. Ils se cotisent et font appel à une entreprise du secteur concerné pour y remédier. En la quittant, je sais déjà que, à ma prochaine visite, Kigali me surprendra encore.
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