Rwanda : au pays des mille miracles
Le Rwanda étonne par sa capacité à se reconstruire et à changer, pour le meilleur. Nouvelles résolutions ? Nouveaux partenaires ? En tout cas, les performances sont au rendez-vous.
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Le classement « Doing Business 2010 » de la Banque mondiale sur le climat des affaires et les facilités faites aux investisseurs est on ne peut plus clair : le Rwanda est le nouveau numéro un mondial. Une performance qui suscite à la fois de l’admiration et des interrogations. Comment un pays aussi minuscule (26 338 km2), dont la majorité de la population est rurale, qui n’a que peu de ressources et a récemment connu une tragédie, peut-il obtenir de tels résultats ? Est-ce le fruit d’une prise de conscience et d’une capacité exceptionnelle à rebondir des Rwandais ? Quelle que soit la réponse, la performance n’est pas due au hasard.
Un petit pays qui monte
En 1994, après le génocide, le pays est foudroyé, à genoux. Miné, aussi, par l’effondrement de l’économie et, la compassion passée, par la perte de la confiance des investisseurs étrangers, publics et privés. Un vrai désastre pour le nouveau pouvoir, qui ne sait où donner de la tête tant les priorités sont nombreuses : rétablir la paix, réinstaller les réfugiés et les déplacés en assurant leur réintégration dans la société, juger les auteurs du génocide, venir en aide aux victimes…
Pour sortir la tête de l’eau, dès décembre 1994, le gouvernement d’union nationale, sans ressources et dont les membres n’avaient, pour la plupart, pas la moindre expérience dans la gestion de la chose publique, annonce une série de mesures : passage à une économie de marché, privatisation des entreprises étatiques en vue de l’émergence d’un secteur privé fort, libéralisation du commerce et des taux de change. L’accent est mis sur les ressources humaines et la participation de tous à l’effort de reconstruction.
Des réformes structurelles sont entreprises pour rendre effective la nouvelle orientation de l’économie. Flexibilité du taux de change dès 1995, réduction du taux d’imposition de 34,8 % à 18 %, libéralisation du secteur bancaire marquée par la privatisation des trois banques d’État et la création de banques commerciales, facilités accordées aux entrepreneurs en matière de circulation des capitaux… Le gouvernement rwandais a d’abord misé sur l’entrepreneuriat local pour assurer le succès de sa politique économique. Mais, comme le souligne l’économiste rwandais Thomas Rusuhuzwa Kigabo, « le monde des affaires local souffrait d’un manque de capacités managériales et financières. Le gouvernement a dû revoir les lois sur l’investissement pour attirer les entrepreneurs étrangers et a encouragé les opérateurs économiques locaux à s’associer avec eux pour un bénéfice commun ».
Au début, les investisseurs ne se bousculent pas au portillon. Kigali va pourtant insister en multipliant les facilités : simplification des procédures, qu’il s’agisse de la création de sociétés ou des douanes, de tribunaux de commerce, de nombreuses exonérations et de mesures incitatives. Ce qui a fini par payer.
L’économie rwandaise est cependant encore fragile. Malgré son taux de croissance (6 % en moyenne ces dernières années), elle reste dépendante de l’aide extérieure, qui finance la moitié du budget de l’État, alors même que la vision du président Paul Kagamé à l’égard des partenaires étrangers est de privilégier l’investissement à l’assistance. Contradiction ou nécessité conjoncturelle ? Par ailleurs, l’économie repose essentiellement sur l’agriculture, un secteur porteur, mais dont la santé dépend des caprices du marché. Enfin, le pays est enclavé, ce qui engendre des coûts importants, en temps et en transport, pour les entrepreneurs.
Intégration vers l’Est
« L’intégration régionale crée évidemment un bon environnement pour une croissance économique soutenue, souligne Thomas Rusuhuzwa Kigabo. Elle reflète le besoin de s’occuper des problèmes considérés comme des freins à la croissance et qui sont liés à la structure de l’économie rwandaise : sa petite taille, son enclavement et la pauvreté des infrastructures du pays. » Et c’est pour résoudre ces problèmes que Kigali a adhéré à la zone de libre-échange du Marché commun d’Afrique orientale et australe (Comesa), le plus grand bloc régional d’Afrique et, en juin 2007, à la Communauté d’Afrique de l’Est (EAC). Un nouvel ancrage qui éloigne peu à peu le pays du monde francophone. Ce que vient de confirmer l’admission du Rwanda, le 28 novembre dernier, au Commonwealth. L’enracinement dans l’espace anglophone est une question de pragmatisme. Et d’affinités.
Alors, qui sait, le Rwanda parviendra peut-être, dans ce même mouvement, à relancer la Communauté économique des pays des Grands Lacs (CEPGL), qui l’associe au Burundi et à la RD Congo, avec laquelle ses relations se sont normalisées. Un marché et un atout importants qui pourraient conforter la réalisation de certains des objectifs du projet de société du pays, sa Vision 2020.
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