AFD : Anne Paugam ferme la parenthèse Dov Zerah

L’actuel directeur général de l’Agence française de développement partira en juin. Pour le remplacer, le gouvernement mise sur une proche de Jean-Michel Severino, ancien patron de l’AFD.

Cette énarque de 46 ans vient de l’inspection générale des finances. © Bruno Delessard/Challenges

Cette énarque de 46 ans vient de l’inspection générale des finances. © Bruno Delessard/Challenges

Julien_Clemencot

Publié le 24 mai 2013 Lecture : 3 minutes.

Jusqu’au bout, Dov Zerah, nommé en 2010 directeur général de l’Agence française de développement (AFD) pour un mandat de trois ans renouvelable, aura tenté de sauver sa tête en activant le réseau de ses anciens camarades de la promotion Voltaire de l’École nationale d’administration (ENA) : le ministre Michel Sapin, la présidente de région Ségolène Royal, le président François Hollande… Mais aucun n’a pu – ou voulu – lui sauver la mise. Plusieurs membres du gouvernement, dont Pascal Canfin (Développement), avaient dès leur nomination, mi-2012, indiqué leur souhait de se séparer de cet homme, considéré par les mauvaises langues comme un vestige du sarkozysme.

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Pour lui succéder au mois de juin, le Premier ministre, Jean-Marc Ayrault, a proposé Anne Paugam, ancienne numéro trois de l’AFD, partie en 2010 rejoindre l’Inspection générale des finances, son corps d’origine. Après avoir quitté l’agence, cette énarque de 46 ans a contribué aux réflexions sur l’aide au développement du think tank de gauche Terra Nova. Réservée, elle décline toutes les demandes d’interview avant les deux grands oraux prévus le 22 mai devant l’Assemblée nationale puis le Sénat pour valider sa nomination. L’issue de la décision ne faisant guère de doute, elle devrait devenir la première femme à diriger l’AFD. Un atout supplémentaire, du point de vue du pouvoir socialiste.

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« C’est la candidate naturelle. Son parcours est cohérent et son engagement constant », indique avec satisfaction Jean-Michel Severino. Lui-même ancien directeur général de l’AFD (de 2001 à 2010), il a fait décoller la carrière d’Anne Paugam en la nommant successivement secrétaire générale adjointe puis secrétaire générale de l’agence, en 2007 et en 2008. Une période pendant laquelle elle a participé à plusieurs innovations comme la création d’un prêt contracyclique. Utilisé par exemple au Burkina Faso, cet outil permet de différer le remboursement des sommes dues en cas de difficultés liées à la fluctuation du cours des matières premières. Auparavant, Anne Paugam, décrite comme opiniâtre, s’était déjà illustrée au sein de la direction des opérations en pilotant l’intégration de nouvelles compétences (santé et éducation primaire et secondaire).

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Confiance

Des états de service qui devraient lui valoir un bon accueil de la part des équipes de l’AFD. « Rétablir la confiance sera l’un de ses premiers chantiers. Dov Zerah s’est mis à dos une large partie des cadres de l’agence en adoptant un style de management très centralisé, ce qui a d’ailleurs ralenti le fonctionnement de l’AFD », indique une source à l’Élysée. Autre avantage comparatif de la nouvelle patronne : son expérience à l’international. De 1997 à 2001, elle a assuré différentes fonctions au sein de la Banque mondiale, d’abord à Washington, puis pendant deux ans au Maroc.

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« L’arrivée d’Anne Paugam est plutôt une bonne nouvelle », confirme un cadre de la Banque mondiale en poste en Afrique, qui ajoute : « Dov Zerah n’a pas facilité nos relations. » Avec Donald Kaberuka, président de la Banque africaine de développement (BAD), ses rapports sont même très mauvais, juge un cadre de l’AFD. Reste que, sur le fond, la nouvelle directrice générale ne devrait pas révolutionner le fonctionnement de l’agence, mais plutôt poursuivre son évolution vers une véritable banque de développement, avec davantage de prêts concessionnels. « On ne fait pas des dons à des pays émergents comme le Kenya ou l’Afrique du Sud », justifie un expert en développement. Anne Paugam devra aussi résister aux pressions en faveur du retour de l’aide liée, prévient Jean-Michel Severino. La France – environ 8 % de l’aide au développement mondiale – n’en sortirait pas gagnante.

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