Afghanistan : finir le job

Le président américain a tranché : trente mille hommes vont être envoyés en renfort en Afghanistan. Sera-ce suffisant pour venir à bout des talibans ?

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Publié le 7 décembre 2009 Lecture : 3 minutes.

Il y avait les « contre », comme le vice-président Joe Biden, l’influent sénateur démocrate John Kerry, le général (et ex-secrétaire d’État) Colin Powell et, selon le dernier sondage, 49 % des Américains.

Il y avait les « pour », comme la secrétaire d’État Hillary Clinton et trois généraux de poids : David Petraeus, le chef du commandement central, dont la stratégie antiguérilla a fait ses ­preuves en Irak, Mike ­McMullen, le chef d’état-major des armées, et Stanley McChrystal, le commandant des forces américaines et alliées en Afghanistan.

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Après de longues semaines de consultations – d’hésitation, disent ses détracteurs –, Barack Obama a tranché en faveur des seconds en annonçant, le 1er décembre, lors d’un discours à l’Académie militaire de West Point, l’envoi d’ici six mois de 30 000 soldats supplémentaires en Afghanistan. Pour arriver au chiffre de 40 000 que préconisait McChrystal, il a sollicité ses alliés. La Grande-Bretagne a promis 500 hommes supplémentaires, la Pologne 600 et l’Espagne 200. En revanche, l’Australie et le Canada ont catégoriquement refusé et annoncé leur désengagement d’ici à 2011. L’Allemagne attend pour se prononcer la conférence internationale de Londres sur l’Afghanistan, le 28 janvier, tandis que la France a dit non en principe, sans exclure d’envoyer de nouveaux instructeurs pour former les militaires et les policiers afghans.

Avec 486 soldats tués depuis le début de l’année, la coalition subit des pertes sans précédent. Mais si tout le monde redoute de s’embourber dans ce conflit, nul n’a envie de concéder la victoire aux talibans et chacun sait bien, au fond, que le pire serait de ne rien faire. Obama en a tiré les conséquences. Avec les précautions d’usage : « On ne se baigne jamais deux fois dans le même fleuve », a-t-il déclaré pour écarter le spectre de la guerre du Vietnam, rappelant que, « cette fois, les États-Unis ne sont pas seuls », et indiquant que le retrait américain commencera en juillet 2011. Soit seize mois avant l’élection présidentielle.

En attendant, Obama a fixé cinq priorités :

Définir des régions cibles pour les opérations de sécurité et de reconstruction, en vertu du principe que mieux vaut contrôler parfaitement une partie de territoire que moyennement l’ensemble d’un pays.

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Soutenir massivement le Pakistan, engagé depuis avril dernier dans une lutte sans merci contre les fondamentalistes de leurs zones tribales, frontalières de l’Afghanistan.

Gagner la confiance de la population afghane en la protégeant des talibans, en lui épargnant les bavures des avions de la coalition et en allant à sa rencontre.

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Accélérer la formation de la police et de l’Armée nationale afghane (ANA), dont les effectifs, l’équipement, le savoir-faire et la solde sont très insuffisants, afin qu’elles soient ­capables d’assurer la défense du pays après le retrait des Occidentaux.

Consolider l’État afghan. Vaste programme ! Pour se donner un minimum de chances d’y parvenir, encore faudrait-il coopérer en confiance avec le président Hamid Karzaï, très décrié pour l’inefficacité de sa gestion, et changer de stratégie à son égard. Ces derniers mois, les réprimandes de Hillary Clinton et la bouderie ­d’Obama ont eu pour seul effet de lui faire tendre la main (en vain, certes) aux talibans et de l’inciter à s’entourer de conseillers du Hezb-e-Islami, un parti fonda­mentaliste contre lequel se battent les ­quarante-trois pays de la coalition !

Nul doute qu’à la conférence de Londres Karzaï sera sommé de lutter contre la corruption et d’obtenir des résultats concrets en contrepartie de l’aide qui lui est apportée. Blessé dans son orgueil, le tortueux Pachtoune en tiendra-t-il compte ? Il sait fort bien que la coalition n’a d’autre choix que de composer avec lui…

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