Afrique : DP World et Emirates sauvent la mise
Arrivés sur le continent en conquérants,les investisseurs de Dubaï sont fragilisés. Mais, si l’immobilier et le tourisme sont durement touchés, la logistique et le transport aérien résistent bien.
Golfe : la chute de la maison Dubaï
Emirates sur les tarmacs, DP World dans les concessions portuaires, Emaar Properties dans l’immobilier et le tourisme… Les filiales de Dubai World sont arrivées en force sur le continent. Une stratégie d’implantation suivie de près par le patron lui-même, Sultan Ahmed Ibn Sulayem. L’offre est claire. Adoptez DP World pour assurer la gestion de votre port, explique en substance alors le président de Dubai World aux Africains, et vous bénéficierez en retour des investissements et des autres activités de l’émirat. Djibouti joue alors le rôle « d’investissement témoin ». Gérant le port depuis 2000, DP World a mobilisé 400 millions de dollars dans la construction du nouveau terminal à conteneurs de Doraleh, inauguré le 7 février dernier. Le troisième opérateur portuaire mondial gère par ailleurs l’aéroport et la zone franche, où le groupe portuaire a édifié le plus bel hôtel de Djibouti.
Mais avec la crise, le modèle économique a du plomb dans l’aile. Déjà, l’explosion de la bulle spéculative dans l’émirat a laminé le secteur de l’immobilier. Les entreprises de Dubaï ont réduit la voilure au Maroc et en Tunisie (voir p. 47-48). Sentant déjà le vent tourner, Sama Dubai, Emaar Properties et Emirates International Investment Company (EIIC) ont amorcé leur retrait d’Algérie dès la fin de 2008, emportant sous le bras des projets pharaoniques de plus de 30 milliards de dollars. La rénovation de la baie d’Alger promise par Emaar Properties attendra. Mais la gestion des ports d’Alger et de Djendjen reste aux mains de DP World.
Feuille de route inchangée
Le troisième opérateur portuaire mondial résiste davantage à la crise. Outre les deux ports algériens et celui de Djibouti, le groupe gère également les ports de Maputo, Dakar et Sokhna (Égypte). Au total, il a prévu d’y investir 3 milliards de dollars. « Le maritime est en crise, mais DP World n’est pas un actif “pourri” construit sur une bulle spéculative. La filiale constitue même le socle de rentabilité de sa maison mère et lui assure un fonds de roulement intéressant. De plus, le groupe portuaire a réalisé des investissements à des endroits stratégiques sur le continent, et ce n’est pas en Afrique que le trafic a le plus diminué. Son potentiel de croissance y demeure élevé », analyse Paul Tourret, le directeur de l’Institut supérieur d’économie maritime (Isemar).
De son côté, l’autre fleuron de Dubai World, Emirates, a aussi les reins suffisamment solides pour traverser les turbulences qui ballottent sa maison mère. Pour les neuf premiers mois de l’année 2009, la compagnie aérienne a annoncé un bénéfice net de 205 millions de dollars, une envolée de 165 % par rapport à la même période en 2008. Alors qu’elle assure déjà des liaisons vers la Côte d’Ivoire, le Ghana, le Nigeria et l’Angola, Emirates vient de conclure un accord avec Karim Wade, le ministre sénégalais de la Coopération internationale, de l’Aménagement du territoire, des Transports aériens et des Infrastructures, pour être le partenaire stratégique de la future Sénégal Airlines. La compagnie ne devrait donc pas bouleverser sa feuille de route africaine.
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