L’opacité au grand jour

Publié le 14 décembre 2009 Lecture : 1 minute.

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Golfe : la chute de la maison Dubaï

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Pendant plusieurs jours, les analystes financiers du monde entier ont jonglé avec les milliards de Dubaï, un émirat connu pour son opacité, mais auquel des banquiers – trop confiants ou imprudents – ont prêté sans compter jusqu’au jour où le miroir aux alouettes s’est brisé. Ce jour-là est arrivé le jeudi 26 novembre, la veille de l’Aïd el-Kébir (ou Aïd el-Idha, c’est-à-dire la fête du sacrifice). L’un des bras financiers de l’émirat, Dubai World, annonce son incapacité à honorer le 14 décembre, comme prévu, le remboursement d’une tranche de soukouk, sorte d’obligation islamique qui porte un bénéfice de 9 %. Le montant de cette tranche est de 3,52 milliards de dollars (sans les profits). Panique ! Les prêteurs s’interrogent sur le mobile de cette décision, car la dette est égale à epsilon dans la fortune colossale de la maison mère Abou Dhabi, le grand parrain de la fédération des Émirats arabes unis.

La confusion s’accroît après l’Aïd quand le gouvernement de Dubaï rappelle que la dette de Dubai World n’est pas garantie par lui… conformément à ce qui est écrit dans le contrat des soukouk. Les prêteurs, aveuglés par l’appât de rendements élevés, n’en croient pas leurs oreilles. Pis, le défaut de paiement s’étend à d’autres créances remboursables en 2010. Le 2 décembre, qui marque le 38e anniversaire des Émirats, Dubai World demande le rééchelonnement de 26 milliards de dollars, sur une dette de 59 milliards (autant que l’affaire Madoff). Son portefeuille, évalué avant la crise à 75 milliards de dollars et détenu notamment par DP World (activités portuaires) et Nakheel (immobilier), risque de fondre comme neige au soleil. L’autre bras financier de l’émirat, Dubai Holding, dont les filiales sont tout aussi tentaculaires et endettées, sera affecté par la rupture de confiance avec les bailleurs de fonds. Les soukouk se vendent sur le marché parallèle à 50 % de leur valeur, une perte équivalente à celle déjà subie par les propriétaires immobiliers : plus de la moitié des villas, appartements et bureaux cherchent preneurs. 

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