Alan Doss nous a rendu visite
Représentant du secrétaire général de l’ONU en République démocratique du Congo.
Des accusations quotidiennes, un job qui ressemble à celui de Sisyphe : à 65 ans, le Britannique (du pays de Galles) Alan Doss aime l’adversité. Ces dix dernières années, il a enchaîné les missions de maintien de la paix (Sierra Leone, Côte d’Ivoire, Liberia). Depuis octobre 2007, l’ancien étudiant de la London School of Economics (LSE) est à la tête de « la plus complexe » de toutes : la Mission de l’Organisation des Nations unies en RD Congo (Monuc). Représentant spécial de Ban Ki-Moon auprès de cette multinationale de la paix qui compte 50 nationalités, plus de 18 000 hommes en uniforme et dont le mandat inclut 41 tâches différentes, il marche sur un fil.
Dans le précipice, il y a les États membres de l’ONU, las de constater que, en dix ans d’existence, la plus coûteuse des opérations de maintien de la paix n’a pas réussi à pacifier la RD Congo (3,5 milliards de dollars prévus de juillet 2009 à juin 2010). Il y a aussi les autorités congolaises qui, comme le montre le dernier rapport d’experts au Conseil de sécurité, ferment les yeux sur les complicités entre l’armée et les rebelles de l’est du pays. Les ONG également, qui reprochent aux faiseurs de paix leur indulgence avec les faiseurs de guerre.
L’interview à Jeune Afrique
À la veille d’un énième renouvellement du mandat de la Monuc – il expire le 31 décembre prochain –, Alan Doss s’efforce de voir le verre à moitié plein. « Bien sûr, nous n’avons pas tout réglé. Il y a encore des rébellions. Nous n’avons pas réussi à empêcher la chute de la ville de Bukavu, en 2004. Mais il faut voir d’où vient le pays. Il y a dix ans, il était divisé en trois ou quatre, il était occupé par huit armées étrangères, il y avait des milices partout. Aujourd’hui, le plus important, c’est que la RD Congo ait retrouvé son intégrité territoriale et qu’une orientation générale ait été donnée : la paix. » Optimisme diplomatique ? Évidemment. Peut-être aussi une forme d’indulgence d’un Alan Doss attaché à la RD Congo, où, dans les années 1980, il était représentant du Programme des Nations unies pour le développement (Pnud).
Que va décider le Conseil de sécurité pour 2010 ? De passage à Paris, le patron de la Monuc a rendu visite au nouveau Monsieur Afrique de l’Élysée, André Parant, le 30 novembre, pour discuter du nouveau mandat. Côté congolais, on demande qu’un plan de retrait soit présenté d’ici au 30 juin 2010 (jour anniversaire des 50 ans de l’indépendance). « Nous sommes tout à fait d’accord, un tel plan doit être rédigé », réagit très diplomatiquement Alan Doss. Mais bien sûr, tout départ des Casques bleus sera « progressif », prévient-il.
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