Manga : Dragon Ball version afro

Les éditions Dagan publient le premier manga afro-antillais, Suupa Kokujin. Humour décalé et ambiance gangsta rap garantis.

Publié le 30 novembre 2009 Lecture : 2 minutes.

Un manga avec un héros noir ? Il y avait Afro Samuraï de Takashi Okazaki, sorti en 1999. Mais c’est tout… Le 28 novembre, lors du festival Pari Outre-mer, à Paris, les lecteurs ont pu découvrir un héros de manga à la coupe afro et aux lunettes « funkadéliques » : Suupa Kokujin. Univers urbain, jeunesse française, humour décalé, voilà les ingrédients revendiqués par les créateurs de la collection Kazoku des éditions Dagan. La cible ? Les 12-25 ans, fans de culture japonaise. « Nous avions envie de créer une collection qui “parle” manga. La France est un pays qui compte un grand nombre de lecteurs assidus de ce genre de bande dessinée », expliquent de concert Dieudonné Gnammankou, le fondateur des éditions Dagan, et Sydney Kotto, le directeur de production de la section jeunesse.

« Nous avons rencontré de jeunes dessinateurs issus de la diversité et très talentueux. Nous en avons retenu un, Ynho-Sama, un jeune Antillais de 23 ans, à la tête du collectif artistique Mugenji. » Les lecteurs vont donc pouvoir suivre les aventures d’Ejy, un jeune rappeur de 20 ans, rejeté par son gang car il préfère la paix à la guerre… Ejy décide de former sa propre bande et il appelle une bonne étoile à sa rescousse : ce sera Suupa Kokujin, qui va écumer la banlieue avec lui à la recherche de nouveaux amis. « C’est un héros futuriste, mais avec une dimension historique », précise Sydney Kotto, en rappelant l’existence d’un samouraï noir dans le Japon du IVe siècle.

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Métis à la cour de Louis XVI

L’Histoire… voilà le fil directeur de la jeune maison d’édition, créée en juillet 2008 et dont le nom, Dagan, veut dire « le patriarche » en langue fon du Bénin, le pays natal de Dieudonné Gnammankou. Cet historien de formation, ancien professeur à Harvard, s’est donné un but : faire découvrir les personnages historiques d’origine africaine de la diaspora. « En me documentant, je me suis rendu compte qu’il y en avait plusieurs centaines ! J’ai eu envie alors de créer ma propre maison d’édition, pour remplir les rayonnages des librairies de ces destins méconnus. »

En 1996, sa biographie de l’arrière-grand-père d’Alexandre Pouchkine (le célèbre écrivain russe), qui était d’origine camerounaise, fait couler beaucoup d’encre en Russie. « Jusqu’ici, la version reconnue était que les ancêtres de Pouchkine étaient abyssiniens : ils n’étaient pas considérés… comme Africains. J’ai rétabli la vérité », précise-t-il. Dans la section jeunesse, le livre consacré au destin hors du commun du Chevalier de Saint-George (métis à la cour de Louis XVI) a reçu le prix littéraire Fetkann ! - Mémoire des pays du Sud, mémoire de l’humanité, parrainé par Abdou Diouf, le secrétaire général de l’Organisation internationale de la Francophonie.

« Nous voulons occuper toutes les niches littéraires : nous lançons une BD jeunesse, Petit Joss, qui donne une image moderne de l’Afrique. Nous préparons aussi une collection de poésie, de romans historiques et de beaux livres. L’objectif est maintenant de pouvoir diffuser en Afrique, de monter des co­éditions avec des maisons locales. Nous travaillons déjà avec des librairies au Cameroun, au Bénin, au Burkina et en Tunisie. Pour la sortie de notre manga, une tournée est également prévue aux Antilles dès 2010. » Avis aux amateurs : cinq tomes sont prévus.

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