L’enfant terrible de la tradition malienne
Le monde bouge, la tradition aussi. On a beau être né dans un village malien, au bord du fleuve Niger, venir d’une famille qui vous a transmis les préceptes, valeurs et devoirs de la société traditionnelle, cela n’empêche pas d’avoir envie de bousculer les usages. En s’autorisant de l’audace, mais avec tact et respect vis-à-vis des anciens.
Issu d’une famille de griots, Bassekou Kouyate est l’un de ces enfants terribles qui ont donné à la musique traditionnelle malienne ses palpitants élans contemporains. Il est avec son compatriote Moriba Koïta l’un des joueurs de ngoni les plus inventifs.
Luth fait d’une caisse en bois de manguier sur laquelle est tendue une peau de vache, apparu dans les orchestres de la cour royale malienne au XIIe siècle, cet instrument a traversé les âges, accompagnant les récits épiques et servant de fil musical à moult louanges et déclamations de généalogies. Il côtoie aujourd’hui les instruments électriques.
Sollicité par de nombreux artistes, Bassekou Kouyate a joué avec la star mondiale de la kora Toumani Diabate, participant notamment à un enregistrement avec le bluesman américain Taj Mahal (Kulanjan). Il est intervenu sur l’album posthume d’Ali Farka Touré (Savane) et sur celui de Dee Dee Bridgewater (Red Earth).
Dans la droite ligne de Segu Blue, il présente aujourd’hui sur les scènes d’Europe son second album personnel, I Speak Fula (« Je parle peul »), avec son groupe Ngoni ba (au chant, son épouse Amy Sacko). Et confirme son talent de compositeur et son habileté à inventer de nouvelles pistes pour son instrument fétiche. Puissante, tonique, sa formation atypique réunissant quatre ngonis est une formidable machine à danser.
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