Danone mène une révolution de palais

Sur un marché du yaourt dominé par les produits à base de lait en poudre, Danone Algérie mise sur le lait frais collecté sur place. Une initiative qui a nécessité la création d’une filière de production et de distribution.

Publié le 1 décembre 2009 Lecture : 2 minutes.

Un yaourt à base de lait frais made in Algérie. Le lancement, le 26 octobre, d’un nouveau produit par la filiale du groupe agroalimentaire français peut paraître anodin et bien banal. Mais dans un pays qui détient le titre de deuxième importateur mondial de poudre de lait, l’événement prend toute sa saveur.

Danone Algérie compte ainsi se soustraire à la versatilité du prix de la poudre de lait importée et espère aussi, grâce à un produit aux meilleures qualités nutritionnelles, marquer des points avec son innovation face à ses concurrents nationaux, les trois marques aux mains de groupes familiaux : Soummam (50 % du marché) et les outsiders Trefle et Hodna. La consommation des produits laitiers en Algérie (yaourts, desserts, yaourts à boire…) est évaluée à 300 000 tonnes par an. La production de Danone, qui s’élève à 100 000 tonnes aujourd’hui, progresse de 5 % à 10 % par an.

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« Le marché Algérien est très dynamique, mais comme il est fortement dépendant de la poudre de lait, il est très sensible à l’environnement international », souligne Paolo Maria Tafuri, le directeur général de Danone Djurdjura Algérie. Très volatils, les cours fragilisent la filière. Soumis à des mouvements de yoyo, le prix de la poudre de lait a grimpé jusqu’à 5 000 dollars la tonne en 2008 avant de retomber à 2 200 dollars au début de l’année. Depuis septembre, la relance de la demande mondiale et une offre qui peine à suivre ont fait rebondir de façon spectaculaire le prix jusqu’à 3 300 dollars la tonne à la fin novembre.

Aujourd’hui, les 900 000 vaches laitières algériennes ne suivent pas. Elles produisent 2,2 milliards de litres du breuvage blanc par an pour des besoins estimés à plus de 3 milliards de litres. La différence est importée en poudre de lait pour une facture record en 2008 de 750 millions de dollars.

Décidé à réduire la dépendance du pays, le gouvernement algérien, soutenu par la baisse des prix du début de l’année, a promis de réduire ses importations de moitié cette année, à 350 millions de dollars. Un objectif qui s’accompagne d’un plan de soutien à la filière (subventions…) pour relancer la collecte dans le pays.

Un yaourt au lait 100 % local

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Le nouveau yaourt de Danone tombe à pic. « C’est le premier produit qui peut revendiquer d’être fabriqué à 100 % avec du lait frais algérien », insiste Paolo Maria Tafuri. L’initiative, préparée depuis 2006, repose sur la mise en place d’une filière de collecte propre à Danone. Aujourd’hui, 600 éleveurs à la tête d’un cheptel de 4 000 vaches, liés par des contrats d’exclusivité renouvelables tous les ans, fournissent l’industriel agroalimentaire. Leur production est canalisée vers un réseau de vingt centres de collecte, dirigés par des entrepreneurs également sous contrat d’exclusivité. Pour soutenir ses fournisseurs, Danone Algérie négocie l’achat de l’alimentation pour le bétail, des produits d’hygiène et d’entretien. Et finance l’achat de génisses avec des prêts à taux zéro. Le groupe réinjecte ainsi 8 millions d’euros par an dans la filière.

Seulement 5 % de la production de la marque est actuellement à base de lait frais. Mais l’objectif est d’atteindre les 100 %. Reste à séduire le palais des Algériens, habitués à des yaourts plus acides.

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