Ringo, la star du Cameroun

Tourné vers le grand public, menant une politique de prix bas et une stratégie de services, le fournisseur d’accès Internet a bousculé le marché en moins d’un an et a déjà des visées régionales.

Publié le 1 décembre 2009 Lecture : 3 minutes.

Question à 1 milliard de F CFA. Comment le très jeune fournisseur d’accès Internet (FAI) Ringo, arrivé sur le marché en novembre 2008, est-il devenu, en un an, l’un des principaux acteurs, avec plus de 20 000 abonnés ? Soit autant que Camtel, même si l’opérateur historique a une clientèle plus riche en entreprises.

Certes, avec un taux de pénétration des abonnés à Internet de moins de 0,1 % en 2008 dans un pays de 18 millions d’habitants, le marché est embryonnaire. Et comme sur tous les marchés naissants en pleine expansion, l’ascension d’acteurs très dynamiques est impressionnante. Mais cela n’explique pas en totalité la montée en flèche de Ringo. Surtout que l’entreprise est arrivée dans un paysage camerounais largement occupé avec Camtel, disposant du monopole de la fibre optique, les multinationales MTN et Orange, qui déploient des solutions Internet, et les nationales Matrix et Creolink.

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Un contexte qui n’a pas fait reculer Olivier Leloustre, ancien directeur commercial de CFAO Technologies au Cameroun, et administrateur général de Ringo. Cette société anonyme de droit camerounais, au capital de 200 millions de F CFA, est contrôlée par un fonds, Glenar, basé en Suisse. La start-up vise un chiffre d’affaires de 1,5 milliard de F CFA (2,3 millions d’euros) en 2009.

À contre-pied des concurrents

Le positionnement marketing est le premier atout de l’entreprise. Face à des concurrents qui s’adressent à une clientèle « corporate » ou « haut de gamme », Ringo s’est tourné dès le départ vers le grand public. Une stratégie illustrée par sa mascotte, une sorte de Superman geek et bronzé juché sur sa moto, prêt à aider les internautes en détresse… De fait, Ringo a mis le paquet sur son service clientèle avec une assistance à domicile gratuite assurée par des hommes à moto, dans un pays où les internautes se déplacent souvent vers une agence de leur FAI au moindre problème.

Mais c’est en baissant les prix de manière systématique et en obligeant la concurrence à suivre, que Ringo s’est distingué. La start-up propose ainsi des solutions prépayées à la minute (selon le modèle du téléphone mobile), des forfaits de consommation illimitée… À la mi-2009, son offre de connexion de base (modem sans fil) est descendue à 10 000 F CFA (15 euros). Une stratégie des petits prix qui a aussi été rendue possible grâce à l’adoption de la technologie 3G+, importée de Chine, et associée au réseau Mc Will, un concurrent désormais sérieux du wimax. « Cette technologie nous permet d’offrir un service Internet haut débit, adapté aux réalités locales et respectueux de l’environnement. C’est une réelle innovation qui se distingue par sa capacité à utiliser peu de ressources pour un rendement de qualité », explique Olivier Leloustre.

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La profession persifle et modère la success story. Elle met en parallèle l’offre de Camtel, desservie par un marketing approximatif mais qui couvre une cinquantaine de villes, et celle de Ringo qui n’en couvre que six. Par ailleurs, la start-up pourrait être bientôt débordée par les milliers de clients qu’elle engrange par mois à force de coups marketing.

Comment la société peut-elle gagner de l’argent avec des marges aussi faibles ? « Les dirigeants font un pari : ils se disent que le marché de l’Internet peut exploser, et les amener pas loin des 100 000 abonnés, ce qui leur permettra d’être très rentables grâce aux économies d’échelle », estime un entrepreneur de Douala. Et d’étayer son propos avec les dernières initiatives de l’entreprise dans la vente de services à valeur ajoutée et le commerce électronique (vente d’antivirus, etc.) ainsi que son positionnement dans les centres d’appels. « Nous sommes résolus à devenir l’acteur de référence de l’économie numérique au Cameroun… et pourquoi pas plus tard dans la sous-région », lance Olivier Leloustre.

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