3 questions à…Jean-Jacques Kotto

Architecte, directeur général du cabinet d’architectes G2A (groupement d’architectes africains) à Yaoundé, directeur exécutif de l’École supérieure spéciale d’architecture du Cameroun (Essaca)

ProfilAuteur_PierreFrancoisNaude

Publié le 1 décembre 2009 Lecture : 1 minute.

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Quand l’Afrique réinvente ses villes

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Jeune Afrique : Vous venez d’ouvrir, en sep­tembre, une école d’architecture, l’Essaca. À quels besoins répond-elle ?

Jean-Jacques Kotto : Il y a très peu d’écoles d’architecture sur le continent, donc pas de réflexion architecturale purement africaine. La plupart de nos jeunes architectes sont formés en Europe ou aux États-Unis. Ce qu’ils y apprennent est très éloigné de nos problématiques urbaines. Nous seuls pouvons trouver des solutions aux problèmes que nous rencontrons. Le premier d’entre eux est, justement, que les compétences manquent. Et, quand celles-ci existent, on n’y fait pas suffisamment appel.

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Quels rapports les architectes africains entre­tiennent-ils avec les pouvoirs publics ?

Ils sont obligés de s’organiser pour inciter les États, les administrations territoriales et les municipalités à faire appel à eux. Petit à petit, ils obtiennent plus de reconnaissance, mais le chemin est encore long. Généralement, pour de grands travaux financés par des pays occidentaux, on fait appel à des architectes non africains. Pourtant, le plus souvent, les textes imposent l’emploi de bureaux d’études nationaux, plus au fait des réalités du terrain. Cette pratique est en train d’évoluer car des organisations comme l’Union internationale des architectes ou l’Union des architectes africains incitent les bailleurs à utiliser davantage les ressources locales.

La prise en compte des enjeux de développement durable fait-elle évoluer le métier ?

Oui. D’ailleurs notre école est fondée sur le principe d’une architecture responsable. C’est-à-dire de bâtiments qui utilisent des matériaux adaptés, le plus souvent possible d’origine locale, mais aussi l’énergie solaire et les ­techniques bioclimatiques, qui permettent de réduire les dépenses d’énergie tout en rendant les bâtiments plus vivables. Il faut tout prendre en compte : le ruissellement des eaux, l’assainissement… Pour l’instant, très peu de bâtiments font appel à ces techniques, surtout à cause de l’ignorance générale et d’intérêts économiques antagoniques. Les États doivent davantage se mobiliser, par exemple en construisant des logements sociaux en terre stabilisée, et engager un débat sur l’avenir de la ville avec les professionnels du secteur. 

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