Abidjan en pole position

En 2050, la métropole ivoirienne comptera plus de 10 millions d’habitants. Les pouvoirs publics ont compris l’urgence d’agir et, accompagnés d’ingénieurs, d’architectes et d’urbanistes, élaborent le plan de développement urbain du Grand Abidjan. Voici quelques-uns des principaux projets.

Publié le 1 décembre 2009 Lecture : 4 minutes.

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Quand l’Afrique réinvente ses villes

Sommaire

Abidjan a tout connu lors des deux dernières décennies. L’application douloureuse des programmes d’ajustement structurel. Un coup d’État en 1999. Un conflit politico-militaire à partir de 2002. Une crise économique et sociale. Pourtant, la métropole reste sans conteste le moteur économique de l’Afrique de l’Ouest. Plus de 10 millions d’habitants y vivront en 2050. L’accueil de 6 millions d’habitants supplémentaires en si peu de temps est un défi majeur pour les autorités. Le ministère de la Construction et de l’Urbanisme, le Bureau national d’études techniques et de développement (BNETD) ainsi que l’architecte Pierre Fakhoury préparent la ville du futur en tenant compte de toutes les nouvelles contraintes.

Dans l’ouest, du nouveau

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Historiquement, le développement de la ville s’est réalisé suivant deux directions : du nord au sud, le long des 1 100 km de voies ferrées qui relient le port au Burkina, et, d’est en ouest, le long de la lagune Aby, principal axe naturel de transport des hommes et des marchandises. La croissance urbaine attendue se localisera surtout sur les plateaux, dans l’ouest de l’agglomération actuelle, qui accueillera un quart de la population. Le site de la métropole étant fortement cloisonné par la lagune, cela impose le déploiement de grandes infrastructures de transport et de nombreux ouvrages de franchissement.

L’essor du port

Aujourd’hui, le port d’Abidjan est la principale porte d’entrée des marchandises en Afrique de l’Ouest. Le trafic devrait atteindre 25 millions de tonnes en 2010 et doubler d’ici à 2018, mais les perspectives de croissance des échanges font craindre une rapide saturation des capacités du port. Les autorités ont donc décidé la construction d’un nouveau terminal à conteneurs, avec 3 000 m de quai et un tirant d’eau de 14 m sur l’île Boulay. La première tranche de travaux sera lancée en février 2010.

Une urbanisation polycentrée

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Une grande métropole étendue ne peut fonctionner avec un seul centre. L’actuel quartier d’affaires, qui s’est progressivement étendu du Plateau à Cocody et aux Deux Plateaux, restera le cœur du business ivoirien. En outre, il est prévu d’organiser l’agglomération en s’appuyant sur cinq centres secondaires qui, en relais du centre principal, permettront de rapprocher les commerces et différents services urbains de la population.

Un premier centre sera localisé dans le secteur de Koumassi-Port Bouët, un deuxième à Djibi, qui, pour le moment, est une zone exclusivement d’habitations, et un troisième dans le secteur d’Abobo-Anyama, quartier dynamique et très peuplé, où il profitera de la présence de la gare ferroviaire, de la gare routière et du marché. Un quatrième centre sera créé dans le Nord-Ouest, vers la zone industrielle de Yopougon, et un cinquième sur le site d’Adiapodoumé. Quant à l’île Boulay, elle profitera de l’extension des installations portuaires. Les autorités veulent en faire le Dubaï ivoirien, avec la construction d’un grand centre d’affaires international et l’installation d’une zone franche – on évoque même la création d’un établissement public d’aménagement.

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Les corridors

Si rien n’est fait d’ici là, en 2050, Abidjan sera aussi engorgé que Lagos ou Le Caire. Les autorités prévoient donc la construction d’un vaste maillage de voirie et de ponts pour irriguer toute la future agglomération, faciliter les liaisons entre quartiers et assurer les relations avec le centre d’affaires. À l’ouest, elles envisagent déjà la construction d’une grande voie express, Parkway, traversant Yopougon et les zones d’extension en direction de l’Agneby, dans un environnement très paysager. Parallèlement, plus au sud, une autoroute longera la lagune Ébrié en direction de Dabou.

Dans cette perspective, les autorités ont déjà présenté le projet du Grand Abidjan, qui vise à définir un programme de travaux à court et moyen terme. Un corridor nord-sud, où passeront une voie express (de six à huit voies), le chemin de fer et des lignes à haute tension, traversera Yopougon, sera prolongé par une voie rapide empruntant le pont Laurent-Gbagbo, franchissant le canal de Vridi et rejoignant Grand Bassam.

Vers le nord, la voie est-ouest historique, qui atteint déjà Bingerville, sera également prolongée jusqu’à Grand Bassam en franchissant un pont, qui va partir d’Eloka. Avec 10 millions d’habitants, les pouvoirs publics devront améliorer le maillage et la qualité des transports en commun. En projet : la multiplication des lignes de bateaux-bus, la construction d’un tramway, l’amélioration des dessertes de bus…

Une ville à vivre

Sous la poussée démographique, Abidjan grignote entre 500 et 600 hectares de terre par an. Les promoteurs immobiliers ne manquent pas pour construire les nouveaux quartiers, mais la gestion urbaine reste préoccupante. La métropole compte actuellement 72 quartiers précaires, et une partie de la ville pourrait vite devenir un énorme bidonville si les autorités tardaient à engager un important programme de lotissements périphériques.

Le plan d’urbanisation prévoit de constituer un vaste espace tampon autour de la ville, en préservant des massifs de forêt, certaines grandes plantations, et même de reboiser une large zone à l’entrée de l’autoroute du Nord. La mise en valeur du parc national du Banco est évoquée : parcours sportif, zone écologique, parc animalier… Les pouvoirs publics devront également lancer un sérieux programme d’assainissement de la lagune Ébrié, des ouvrages de consolidation et l’aménagement des bassins d’orages.

Enfin, après s’être dotée d’un Palais de la culture à Treichville, la ville table sur la renaissance du Palais des congrès de Cocody, en mai 2010, et une Cité des nouvelles technologies devrait voir le jour à Grand Bassam.

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