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Publié le 30 novembre 2009 Lecture : 2 minutes.

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Quand l’Afrique réinvente ses villes

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Ville cruelle. C’est sous ce titre que paraissait, il y a plus d’un demi-siècle, le premier roman (publié sous le pseudonyme d’Eza Boto) de Mongo Beti, qui deviendra l’une des figures de la littérature subsaharienne. L’écrivain camerounais y raconte les mésaventures d’un jeune villageois livré à la veulerie et à la méchanceté des habitants de la grande cité.

Sous la plume de nombreux autres romanciers africains, on pense en particulier à Ahmadou Kourouma et à ses Soleils des indépendances, la ville est placée sous le signe de l’injustice, quand ce n’est pas celui de la violence ou de la débauche. Cette littérature ne fait, hélas !, que traduire la réalité. Faiblement urbanisée avant la colonisation, l’Afrique subsaharienne rattrape son retard, si l’on peut dire, et connaît une croissance urbaine effrénée qui bouscule les codes sociaux traditionnels.

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Les chiffres parlent d’eux-mêmes. Au sud du Sahara, le nombre des citadins est passé de 20 millions en 1950 à près de 400 millions aujourd’hui. Ils seront plus de 1 milliard en 2050. Contrairement à ce qui s’est passé en Europe, cette urbanisation se fait sans développement industriel.

Faute d’emplois et de ressources, les nouveaux arrivants sont privés d’habitations dignes de ce nom. Résultat, plus de 60 % des citadins vivent dans des taudis ou, à tout le moins, dans des logements insalubres.

Si le nord du continent affronte lui aussi une urbanisation accélérée, au moins bénéficie-t-il d’une tradition citadine ancienne. Il suffit d’un petit tour dans les médinas de Fès ou de Tunis pour se convaincre de la profondeur historique de la vie dans les villes au Maghreb. La prolifération de l’habitat précaire y est également beaucoup mieux maîtrisée : 14 % « seulement » de la population urbaine de l’Afrique du Nord vit dans des quartiers informels.

Il n’empêche. Partout, les besoins essentiels en eau, en assainissement et en électricité de millions d’habitants ne sont pas satisfaits. Dans des pays où l’État est à la fois omnipotent et impuissant, c’est aux collectivités locales qu’il revient de plus en plus de prendre à bras-le-corps ces problèmes. Et les choses commencent à bouger, comme on peut le voir dans ce Plus.

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La ville africaine, de toute façon, continuera pour longtemps à fasciner le monde. Si elle se confond souvent avec le désordre, elle est aussi le lieu de l’inventivité. Un seul exemple : l’art. Musique, danse, peinture et sculpture… dans tous les grands centres urbains du continent, les créateurs s’en donnent à cœur joie. Derrière le chaos urbain, c’est l’Afrique de demain qui se construit.

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