Qui sauvera le foot ?
En 2016, le Maroc accueillera la Coupe d’Afrique des Nations (CAN) dans des stades flambant neufs et son équipe fera merveille. Moncef Belkhayat, nouveau ministre de la Jeunesse et des Sports, y croit dur comme fer. Décidé à redorer le blason du sport marocain, le ministre a lancé plusieurs chantiers de réforme qu’il a présentés en exclusivité dans L’Économiste du 20 novembre. « Notre programme, a-t-il expliqué, prévoit la mise en place d’infrastructures, la formation et la qualification des jeunes, l’élaboration de lois et la bonne gouvernance. C’est un grand projet footballistique dont les fruits peuvent être récoltés dans deux ou trois ans. » Pour se mettre au diapason du football mondial, les seize clubs de l’élite sont appelés à se professionnaliser. Le footballeur deviendra un salarié comme les autres, disposant d’une assurance maladie et d’une retraite.
Nostalgique des terrains vagues, « un vivier de jeunes talents », le ministre veut construire 1 100 centres sportifs de proximité d’ici à 2016 pour faciliter l’accès du citoyen au sport. Ces centres seront gérés par des privés afin de faire émerger un véritable business sportif. La loi Éducation physique et sportive, qui passera bientôt en Conseil des ministres, a pour ambition de créer un cadre réglementaire et fiscal propice à l’émergence d’une ligue professionnelle. Une loi anti-hooliganisme est également à l’étude.
Dans le milieu du football, l’initiative du ministre ne fait pas l’unanimité. Le 23 novembre, la Fédération sort de sa réserve et présente sa vision aux présidents de club. « Pendant six mois, nous avons fait le choix de ne pas communiquer et de nous concentrer sur notre travail de diagnostic et de propositions. Pour nous, il était impensable de s’adresser au grand public avant d’avoir informé les acteurs concernés », confie un membre de la Fédération. « Le ministre n’est pas dans le tempo et ses propositions ne sont que des châteaux en Espagne », estime le commentateur sportif Najib Salmi.
