Le rapport qui accuse

ProfilAuteur_TshitengeLubabu

Publié le 30 novembre 2009 Lecture : 2 minutes.

Dans le rapport sur la République démocratique du Congo, daté du 9 novembre, qu’un groupe de quatre experts a transmis au président du Conseil de sécurité de l’ONU et que Jeune Afrique s’est procuré, Ignace Murwanashyaka est l’objet d’accusations à la fois très précises et très graves. Entre septembre 2008 et août 2009, il s’est entretenu 240 fois, via des téléphones satellitaires, avec ses hommes sur le terrain, dont le général Sylvestre Mudacumura. Les enquêteurs sont convaincus que sa responsabilité est engagée dans le massacre commis par les Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR) dans la nuit du 10 au 11 mai à Busurungi, un village situé à la frontière entre les deux Kivus. Lors de cette attaque, quelque 96 civils ont été tués, sans compter les victimes brûlées vives dans leurs maisons.

Entre le 5 et le 16 mai, Murwanashyaka s’est entretenu 14 fois avec le haut commandement des FDLR sur le terrain. Le 11 mai, il est entré en communication avec Mudacumura et ses hommes juste après la fin des opérations à Busurungi. Le rapport souligne non seulement que le président des FDLR donnait des instructions, mais aussi que Mudacumura le consultait avant toute initiative.

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S’agissant du trafic d’armes, Murwanashyaka a été, en 2009, en contact permanent et direct avec un officier des FDLR, le lieutenant-colonel Félicien Nsanzubukire, alias Fred Irakiza. Celui-ci s’est rendu plusieurs fois à Kigoma, en Tanzanie, pour rencontrer Bande Nagundi, un Congolais établi de longue date dans ce pays (il aurait d’excellentes relations dans les cercles du pouvoir tanzanien) et qui est considéré comme le principal fournisseur d’équipements militaires aux FDLR. Murwanashyaka suivait tout et donnait des instructions sur l’usage des armes et des munitions.

Il a aussi géré d’importantes sommes d’argent provenant de l’exploitation des ressources naturelles des zones contrôlées par ses hommes.

Le rapport met en évidence les différents réseaux qui soutiennent les FLDR. Ils vont des officiers de l’armée congolaise, en particulier ceux de la Xe région militaire (Sud-Kivu), qui leur livrent armes et munitions, aux chefs de plusieurs autres groupes armés opérant dans les Kivus avec lesquels le FDLR a des intérêts communs. Ils sont également en contact avec le patron des services de renseignements du Burundi, le général Alphonse Nshimirimana, l’ambassadeur de Tanzanie à Bujumbura, des organisations caritatives espagnoles et même des prêtres italiens. À quoi s’ajoutent de nombreuses entreprises congolaises et étrangères qui profitent largement de la situation.

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