Football : Tout Puissant Mazembe, le bien nommé

Le vainqueur de la Ligue africaine des champions appartient à Moïse Katumbi, gouverneur du Katanga. Le Tout Puissant Mazembe est l’un des rares clubs où l’argent n’est plus un problème.

Alexis Billebault

Publié le 30 novembre 2009 Lecture : 3 minutes.

Moïse Katumbi en avait fait un objectif qui tournait presque à l’obsession. Redonner au Tout Puissant Mazembe (TPM), le troisième club le plus titré de la RD Congo, les moyens d’exister sur une scène continentale dont il était absent depuis 1980 et une victoire en Coupe des Coupes, une compétition aujourd’hui disparue. « Lorsqu’il a repris le TPM en 1998, il ne pensait qu’à une chose, gagner de nouveau un titre en Afrique. Quand je suis venu pour la première fois en 2003-2004 à Mazembe, il avait déjà cette idée en tête », explique l’entraîneur français Diego Garzitto (59 ans), revenu au club en septembre 2008.

Katumbi, populaire et un brin populiste, un proche du président Joseph Kabila, y a mis les moyens. En puisant dans sa cassette, que l’on dit sans fond. « Il a beaucoup d’argent. Ici, on dit qu’il est milliardaire », avance Garzitto. L’actuel gouverneur du Katanga, élu en février 2007, a amassé une fortune colossale dans des activités aussi variées que la pêche, le transport et surtout les mines. « On peut imaginer que, politiquement, ses succès sportifs jouent en sa faveur », suppose le Français.

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Retiré des affaires, un secteur dont s’occupe officiellement sa femme, Carine, Katumbi assure le train de vie du TPM presque à lui tout seul. Le budget – 4 ou 5 millions d’euros, selon les ­sources –, c’est lui. Le sponsoring aussi.

À Mazembe, le boss accorde des salaires qui n’ont pas d’équivalent en RD Congo et dans beaucoup d’autres pays d’Afrique, Maghreb et Égypte exceptés. « Les joueurs gagnent bien leur vie », confirme Garzitto. Et même très bien pour les stars de l’équipe, tels Mputu ou le Zambien Singuluma, pas loin de 10 000 euros quand les autres joueurs perçoivent 2 000 euros en moyenne. « Cette surface financière lui permet d’acheter de très bons joueurs. Dans les grands clubs de Kinshasa, les meilleurs gagnent peut-être 300 ou 400 euros par mois. Et ici, il y a des ­primes et des avantages en nature », ajoute l’entraîneur français. « Pour la Ligue des champions, il a versé 1 million d’euros de primes. Et la moitié de ce que le club touchera aux Émirats ­arabes unis lors de la Coupe du monde des clubs de la Fifa (9-19 ­décembre) reviendra aux joueurs. » Le reste sera dévolu au financement du centre de formation. En principe… 

Une équipe en mutation

S’il distribue à ses joueurs les billets aussi facilement qu’à ses administrés lors de ses fréquents déplacements au Katanga, Katumbi n’en a pas terminé avec l’amélioration des structures ­internes du club. Avec ses joueurs, Diego Garzitto doit parfois se replier sur l’un des terrains du Golf Club de Lubumbashi pour s’entraîner. « En ce qui concerne les équipements tels les maillots ou les ballons, pas de problème, puisque le patron en achète de nouveaux très régulièrement. En revanche, sur le plan des conditions d’entraînement, ça ne va pas, car nous devons parfois travailler sur des pelouses en très mauvais état. Le président a mis à notre disposition 300 hectares pour que soit aménagée une vraie aire d’entraînement, mais pour l’instant il n’y a pas eu d’avancées. Katumbi est un homme vraiment gentil. Trop, parfois, car il devrait en secouer quelques-uns… »

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La saison prochaine, le TPM ne ressemblera pas forcément à l’équipe qui s’apprête à participer à la Coupe du monde des clubs de la Fifa. Diego Garzitto, dont le contrat arrive à terme à la fin de l’année, pourrait donner son accord pour effectuer une année supplémentaire, même si quelques clubs en Tunisie et au Soudan le courtisent.

Plusieurs joueurs ont obtenu le droit de partir tenter leur chance en ­Europe. Parmi eux, le fantasque Trésor Mputu – qui intéresse un club belge –, dont les écarts disciplinaires agacent ­jusque dans les hautes sphères du club. « On espère vendre six à sept joueurs et récolter autour de 3 ou 4 millions d’euros », calcule Garzitto. « On sait déjà quels joueurs seront recrutés : des Congolais, des Zambiens et des Zimbabwéens. Mazembe a les moyens d’attirer d’excellents joueurs… »

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