Addis-Abeba : le choc des extrêmes

Publié le 25 novembre 2009 Lecture : 3 minutes.

Nichée entre plusieurs collines, à environ 2 400 m d’altitude, Addis-Abeba est la troisième capitale la plus élevée du monde, après La Paz (3 700 m, Bolivie) et Quito (2 850 m, Équateur). Parmi les cités les plus peuplées d’Afrique, avec 4 millions d’habitants, elle rivalise avec Alger ou Nairobi. Ici, les seules « activités » qui marchent sont celles du bâtiment et du petit commerce.

Le passage incontournable pour les visiteurs étrangers mais aussi pour tous les résidents, riches ou pauvres, c’est l’un des plus vastes marchés d’Afrique, le Mercato. On y vient pour une valise, un matelas, un bijou ou une casquette rasta. C’est un immense souk fourre-tout, sans beaucoup de charme mais très humain, comme tout le reste de la ville. Car avec ses larges avenues souvent embouteillées, faute de feux de circulation, Addis est une mégapole extrêmement polluée.

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La plupart des Addissois circulent à pied en respirant à pleins poumons les émanations des pots d’échappement des vieilles voitures Lada, des autobus et des camions de chantier. Tout le monde a l’air de trouver cela normal, y compris le Premier ministre, Mélès Zenawi, qui va pourtant représenter le continent africain au sommet de Copenhague (Danemark) sur le changement climatique, du 7 au 18 décembre. Face à la famine qui menace à nouveau 13 millions d’Éthiopiens (sur 83 millions), la pollution n’est, c’est vrai, pas une priorité. Pas plus, d’ailleurs, que la lutte contre la pauvreté.

Ne pas parler de démocratie

Ce qui importe aux autorités, en revanche, c’est le maintien d’un taux de croissance économique supérieur à 10 % par an. Une performance qui doit moins à la production économique (industrielle et agricole) qu’aux services (banques et télécommunications) et au bâtiment. Addis est une ville en plein chantier.

Chacun construit, ici et là, sans réel plan d’urbanisation et sans souci d’une quelconque harmonie architecturale. Des immeubles modernes en verre, comme les hôtels, sont érigés à côté de vieilles masures en brique et en tôle. L’extrême dénuement coexiste avec l’extrême opulence.

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Le niveau des salaires locaux est si bas (à peine 50 euros par mois) que l’on se demande comment les gens font pour se nourrir, se soigner, se loger… La réponse vient d’une immense affiche de publicité. Une campagne pour la collecte de dons : « Five birr » (5 birrs, soit 0,20 euro). C’est la somme qu’il faut pour donner un repas à un enfant. Ce n’est certes pas grand-chose pour les quelque 4 000 fonctionnaires internationaux et autres diplomates qui résident à Addis. Sans compter les centaines de conférenciers qui y passent chaque moi. Toutes les organisations du système des Nations unies y sont représentées et l’Union africaine y a son siège.

Il n’y a pas encore de quartier chinois, mais les Chinois sont bien présents, bien que très discrets. Ils ont construit la principale route de la capitale (Ring Road) et sont en train de bâtir la tour de l’Union africaine, qui sera, en 2012, la plus haute de la capitale (près de 130 m). Tributaire de l’aide internationale, l’Éthiopie n’arrive toujours pas à exploiter l’immense potentiel agricole du pays (les méthodes de culture et d’élevage sont encore très archaïques, l’accès à la propriété est quasi impossible, la plupart des terres appartenant soit à l’État soit à l’Église).

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Après l’abolition de la « féodalité » (1974) et la chute du régime militaire (1991), le gouvernement de Mélès Zenawi (issu d’une ethnie minoritaire) s’est imposé, avec l’appui de l’Occident, grâce à sa politique néolibérale. On entre désormais très facilement à Addis, à condition de ne parler ni des droits de l’homme ni de la démocratie. Une astreinte qui vient d’être également imposée à toutes les organisations humanitaires. En vue des élections générales de mai 2010 ?

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