Recensement : un sujet qui fâche
Publié le 24 novembre 2009 Lecture : 2 minutes.
Un milliard d’Africains
Effectué en 1976, le premier recensement général de la population au Cameroun a dénombré 8 millions d’habitants. En 1987, un deuxième comptage donne une progression de 2 millions de personnes. Les autorités camerounaises ont attendu 2005 pour renouveler l’opération, mais les résultats ne sont toujours pas publiés. Lenteurs administratives pour les uns, manque de volonté politique pour les autres, les commentaires vont bon train. Le découpage des circonscriptions électorales, le mode de scrutin et le nombre de sièges à pourvoir lors des élections législatives sont autant d’éléments susceptibles d’être corrigés en fonction de ces données démographiques.
Au Gabon également, le sujet est sensible. Les autorités ont été suspectées de gonfler les chiffres. Une question de susceptibilité et de fierté nationale ou plus prosaïquement le désir secret de corriger les statistiques macroéconomiques comme le PIB par habitant ? Dans l’attente d’un nouveau recensement, tout le monde s’accorde sur le chiffre de 1,5 million d’habitants.
En Côte d’Ivoire, depuis l’apparition du funeste concept de l’ivoirité, les questions démographiques sont explosives. Le dernier recensement général de la population remonte à 1998 (11,36 millions d’Ivoiriens et 4,47 millions de non-nationaux). Selon la loi, l’exercice doit être renouvelé tous les dix ans. En 2008, le projet est resté dans les cartons malgré le bouclage du financement. La dernière estimation a été réalisée en 2007 par l’Institut national de la statistique (INS), qui a retenu le chiffre de 20,5 millions habitants (15,5 millions d’Ivoiriens et 5 millions de non-nationaux). La liste électorale établie pour la prochaine élection présidentielle est issue du recensement de 1998 et du travail de l’INS, auxquels se sont ajoutées les audiences foraines.
Autre cas symptomatique, la Libye. Depuis l’indépendance du pays en 1952, on ne compte que six recensements : 1954, 1964, 1973, 1984, 1995, et 2006. Mais durant les années 1990, les données, jugées stratégiques, étaient considérées comme confidentielles. Il a fallu que Tripoli normalise ses relations avec les pays occidentaux à partir de 2003 pour que le recensement de 2006 se déroule dans des conditions de relative transparence. Les résultats (6,4 millions d’habitants) n’ont toutefois été rendus publics qu’en février 2009…
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