Courrier des lecteurs

Publié le 20 novembre 2009 Lecture : 4 minutes.

Kadhafi, triste visage du continent

– Les dégâts « collatéraux » de la « présidence » Kadhafi de l’Union africaine sont tragiques pour notre continent. Lorsque le « Guide » a été élu par ses pairs en février dernier, BBY a tiré la sonnette d’alarme dans son « Ce que je crois ». Aujourd’hui, à moins de trois mois de la fin du mandat du dirigeant libyen à la tête de l’organisation panafricaine, on peut dire que cet éditorial intitulé « Kadhafi, visage de l’Afrique » était prémonitoire. Jugez-en plutôt. Censé être en médiation à Nouakchott, le colonel a pris fait et cause pour le général Ould Abdelaziz, qu’il a poussé à conserver le pouvoir. De passage à Niamey, le « Guide » a incité Mamadou Tandja à réformer la Constitution du Niger, plongeant le pays dans la tourmente. Enfin, et c’est le plus scandaleux, le « président en exercice de l’UA » n’a jamais ménagé son soutien à Dadis Camara et a rejeté la mission d’enquête de l’ONU sur les massacres du 28 septembre à Conakry. Sans oublier que, tout en se proclamant panafricaniste, Kadhafi fait régulièrement expulser de Libye, dans des conditions humiliantes, des milliers de pauvres immigrés.

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Mahmoud Mokhtar, Bamako, Mali

Valoriser le travail agricole

– J’ai pris connaissance avec grand intérêt de l’article figurant dans le dossier consacré au Congo (J.A. n° 2542) et intitulé « Alimentation : une agriculture en chute libre ». Il est affligeant de mesurer la dépendance d’un pays comme le Congo à l’égard des importations alimentaires. Au-delà de la faible productivité, du manque d’infrastructures et d’encadrement, l’auteur de l’article mentionne un facteur décisif : le mépris du travail manuel, et en particulier du travail agricole. Cela est d’autant plus vrai que, si des investissements conséquents permettent de trouver des solutions aux problèmes structurels, ils resteront sans effet aussi longtemps que l’agriculture traînera une image négative dans la société congolaise. La correction de cet état de fait passe par une sensibilisation du grand public, et notamment de la jeunesse. C’est en cela que les médias ont un rôle primordial à jouer.

Hansjörg Neun, directeur du Technical Centre for Agricultural and Rural Cooperation ACP-UE, Wageningen, Pays-Bas

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Djerba, sauvée par les Européens

– J’approuve les réflexions de M. Kérim Maamer sur son île, mon île, Djerba, qu’il aime et que j’aime tant (Forum « Djerba, Paradis en détresse », J.A. n° 2532). Je voudrais « rassurer » M. Maamer. Comme pour Marrakech, le salut de Djerba viendra, Dieu soit loué, des Européens qui achètent aux Djerbiens leur menzel et houch au prix fort. Les Djerbiens qui bradent ainsi leur patrimoine le font soit pour se faire un pactole, soit pour régler radicalement un conflit d’héritage. Les étrangers ont le mérite, avouons-le, de retaper et de restaurer ces houch en respectant l’originalité de leur architecture. Ils peuvent se permettre alors de vivre un dépaysement total dans un cadre idyllique au milieu de palmiers et d’oliviers centenaires. Qui dit mieux ? Je finis cependant ce courrier par un sourire qui ressemble à des pleurs.

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Dr Samir Doghri, Djerba, Tunisie

Il faut sauver le soldat Obama

– De mémoire de parlementaire, avait-on jamais vu un sénateur blanc traiter publiquement, et qui plus est lors d’une cérémonie protocolaire, un président des États-Unis blanc de « menteur »? Que nenni ! Les hordes de protestataires conservateurs, majoritairement composées de WASP (White Anglo-Saxon Protestants), défilant en arborant des pancartes aux slogans outranciers, n’expliquent-ils pas l’avis de l’ancien président Jimmy Carter, le 15 septembre 2009 : « Je pense qu’une part écrasante de l’intense animosité qui s’est exprimée envers le président Barack Obama tient au fait qu’il est noir, qu’il est afro-américain » ? Parallèlement, les grands groupes d’assurances tentent de faire échec à un projet humainement équitable et éthique d’accès à l’assurance maladie pour tous. Car tant que continuent de mourir dans les banlieues de Memphis ou de Los Angeles les « Pauv’ Nèg à Bon Dié » et autres hispaniques, les plus démunis, ces groupes s’engraissent. C’est aussi cela la « démoncratie », pardon, la démocratie. Il est urgent qu’une coalition « arc-en-ciel » se mette en place à l’échelle des damnés de la terre entière pour sauver le soldat Obama.

Cyprien Kibangou, Abidjan, Côte d’Ivoire

Pour des élections transparentes à Malabo

– Je suis préoccupé par le silence de la communauté internationale face à la situation politique en Guinée équatoriale. Nous nous approchons de l’élection présidentielle et, jusque-là, rien de ce qui a été demandé par l’opposition en exil n’a été octroyé. Il est vrai que, depuis l’indépendance, la plupart des opposants et candidats à la présidence ont toujours collaboré avec le président Obiang Nguema. Mais pour faire preuve de la maturité politique qui, selon le président, existe déjà dans le pays, il faut organiser des élections libres et transparentes.

Obam Ebom, Dakar, Sénégal

« La démocratie, c’est le développement »

– Je voudrais réagir au « Ce que je crois » de BBY intitulé « À quoi servent les élections ? » (J.A. n° 2547). Les élections en Afrique et dans les pays de l’ex-Tiers Monde servent à légitimer des pouvoirs que l’Occident a choisis d’avance. Celui-ci se joint aux protestations de l’opposition lorsque le président élu ne sert pas ses intérêts. Nous l’avons vu au Zimbabwe, en Côte d’Ivoire et, récemment, en Guinée. Je n’approuve pas les agissements des dictateurs. Ce que je demande aux pays développés, c’est d’avoir une position constante. La France, pays de démocratie et de liberté, a soutenu et continue de soutenir des régimes dictatoriaux. Dans les grandes démocraties, les élus savent qu’ils peuvent être poursuivis par la justice après leur mandat. C’est une motivation et une contrainte pour bien gouverner. Je continuerai de lire J.A., car vos écrits apportent la lumière et l’espoir à la jeunesse d’Afrique et du monde.

Hamed Cissé, Ouagadougou, Burkina

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