Casting de rêve pour les « Jeunes Leaders méditerranéens »
De nombreuses personnalités du cinéma étaient présentes lors du forum des Young Mediterranean Leaders (YML), qui s’est tenu à Séville, en Espagne, du 5 au 7 novembre. Noureddine Lakhmari, réalisateur de Casanegra, Nabil Ayouch, producteur marocain, ou encore Souad el-Bouhati, auteur du remarqué Française. Ils auraient sans doute été d’accord pour dire que ce forum avait toutes les qualités d’un excellent film.
Le casting, c’est vrai, n’avait rien à envier aux plus grosses productions. Dans les salons arabo-andalous de l’Hôtel Alfonso-XIII, on a pu croiser l’ancien ministre français Hubert Védrine ou l’actuel ministre espagnol des Affaires étrangères Miguel Angel Moratinos. À la tribune se sont succédé Ozlem Turkone, députée de l’AKP turc, Ahmed Reda Benchemsi (photo), directeur de publication du journal marocain Tel Quel, Najat Vallaud-Belkacem, ancienne porte-parole de Ségolène Royal et adjointe au maire de Lyon (France), ou encore la banquière d’affaires Fatine Layt, connue du grand public car Nicolas Sarkozy lui a proposé le portefeuille de l’Économie numérique. Proposition qu’elle a déclinée par absence d’ambition politique.
La Turquie en ligne de mire
En tout, plus de 250 personnes étaient réunies dans la capitale andalouse. Avec un seul objectif : faire émerger les conditions d’une union entre l’Europe et le Maghreb. Chacun a joué son rôle avec enthousiasme, évitant la langue de bois et posant parfois les questions qui fâchent. Miguel Angel Moratinos, en particulier, a étonné le public. Là où il aurait pu se contenter d’un discours convenu de ministre en exercice, il s’est montré disert et passionné. Il a regretté les vaines batailles autour du lieu du secrétariat général de l’Union pour la Méditerranée (UPM) et s’est montré sévère sur le conflit qui oppose depuis trop longtemps le Maroc et l’Algérie. « Le dialogue méditerranéen est dans une impasse politique », a-t-il conclu brutalement, tout en louant l’initiative des YML qui, selon lui, « a brisé un silence et répondu à une attente ».
Mais les YML ont aussi permis d’analyser les raisons des blocages politiques qui perdurent sur la rive sud de la Méditerranée. L’exemple d’un pays ayant réussi sa transition vers plus de modernité – la Turquie – a été décortiqué. Après avoir longuement discuté avec la députée de l’AKP, Ahmed Reda Benchemsi avait l’air inspiré. « La Turquie représente un véritable fantasme pour les Maghrébins », a-t-il avoué.
Les fondateurs des YML, Hakim el-Karoui et Jérôme Cohen, le savent bien. Pas de grand film sans bon scénario. L’an dernier, pour sa première édition, à Tunis, les YML tenaient sans doute plus du Woody Allen. On y a beaucoup parlé, et un réseau s’est formé. Cette année, les réalisateurs ont privilégié le concret. Les débats se sont concentrés autour de l’Euro-Maghreb et ont permis de faire émerger trois vrais projets.
Le premier consiste à créer un think-tank maghrébin, institution unique en son genre. Les élites intellectuelles du Maghreb y seront conviées pour revitaliser un idéal d’avenir commun aujourd’hui rogné par le pessimisme. Ses travaux seront publiés pour toucher un large public. Le second projet concerne la question de la formation, trop souvent négligée. Les intervenants l’ont rappelé : dans les années 1950, les élites maghrébines se connaissaient, vivaient et étudiaient ensemble. Pour rapprocher les élites de demain, un groupe de travail s’est donc formé pour discuter avec des grandes écoles de la mise en place d’un mastère spécifique. Enfin, le cinéma a eu la part belle, et des réalisateurs des deux rives se sont entendus pour lancer, lors du Festival de Cannes de 2010, une résidence d’écriture qui permettra aux artistes de se rencontrer et de créer ensemble. La saga des « YML » ne fait que commencer. La suite au prochain sommet de l’UPM, dès le printemps 2010…
La Matinale.
Chaque matin, recevez les 10 informations clés de l’actualité africaine.
Consultez notre politique de gestion des données personnelles
Les plus lus – Culture
- Algérie : Lotfi Double Kanon provoque à nouveau les autorités avec son clip « Ammi...
- Stevie Wonder, Idris Elba, Ludacris… Quand les stars retournent à leurs racines af...
- RDC : Fally Ipupa ou Ferre Gola, qui est le vrai roi de la rumba ?
- En RDC, les lampions du festival Amani éteints avant d’être allumés
- Bantous : la quête des origines