Luxe : Zone de turbulences
Après quatre années fastes, l’aviation d’affaires, frappée par la crise, ralentit en Afrique. Pour y faire face, les affréteurs misent sur la mutualisation de leurs services.
Transport aérien : l’Afrique, chantier à ciel ouvert
Un peu secoué par la crise économique mondiale, le marché de l’aviation d’affaires en Afrique traverse une zone de turbulences. Il marque en effet un net ralentissement depuis près d’un an. Constructeurs et affréteurs ont enregistré de nombreuses annulations de commandes, même si le secteur souffre moins en Afrique qu’aux États-Unis ou en Europe. Pour Medi Business Jet, une jeune compagnie marocaine d’aviation d’affaires, c’est d’ailleurs « de la clientèle occidentale que provient la baisse d’activité d’environ 15 % en 2009 ». Pourtant, jusqu’au dernier trimestre 2008, le jet privé semblait un moyen de transport indispensable aux entreprises, tant la croissance du secteur a été exponentielle ces dernières années. Le continent a ainsi vu ces petits avions luxueux et discrets se multiplier, à la demande d’entreprises, de petits affréteurs, de gouvernements ou même de particuliers. « De 2005 à 2008, nous avons enregistré plus de 25 commandes d’appareils en Afrique. Il nous en reste une quinzaine à livrer », explique Vadim Feldzer, porte-parole de Dassault Aviation.
Au total, une cinquantaine d’avions de luxe du constructeur français sont en cours d’utilisation sur le continent. 60 % d’entre eux sont des Falcon 7X, un modèle particulièrement optimisé et sophistiqué d’une gamme dont les prix oscillent entre 25 millions et 50 millions de dollars pièce. Ils sont achetés pour 40 % par des entreprises, pour 30 % par de richissimes particuliers et pour 30 % par des gouvernements. Si Dassault Aviation est incontestablement bien placé sur le marché africain, ses concurrents, Bombardier, Embraer, Hawker ou Gulfstream Aerospace ont également profité d’une niche prospère il y a encore un an. Du coup, on trouve également dans le ciel africain les Learjet de Bombardier, les Hawker 400 XP et autres luxueux Gulfstream V550.
4 000 euros l’heure de vol
Pendant ces années fastes, les affréteurs se sont aussi multipliés, notamment au Maghreb et en Afrique du Sud. L’un des derniers-nés, Medi Business Jet, créé à Casablanca en 2007, a grandi très vite. L’entreprise transporte essentiellement des hommes d’affaires, aussi bien en Afrique du Nord et en Afrique de l’Ouest que vers l’Europe. « Le voyage d’affaires a d’indéniables atouts de flexibilité, de sécurité et de confidentialité », souligne Hassan Bouzergam, directeur général adjoint de Medi Business Jet. Légers, simples et discrets, les jets privés se contentent en effet d’infrastructures frustes. Ils sont souvent indispensables en Afrique pour les grands groupes miniers et pétroliers et même pour certaines PME, afin de transporter leur personnel sur des sites isolés. Mais ces atouts se payent au prix fort. Il faut compter en moyenne 3 000 à 4 000 euros l’heure de vol pour un moyen-courrier (jusqu’à 8 places) et entre 5 000 et 6 000 euros en plus gros porteur (10 à 18 sièges).
En attendant des jours meilleurs, les affréteurs tentent d’enrichir leur offre en proposant la mutualisation de leurs moyens de transport. Les entreprises peuvent ainsi partager l’achat d’un appareil ou louer des heures de vol à plusieurs. C’est notamment la spécialité de l’américain Netjets, leader de l’exploitation d’avions d’affaires en multipropriété, qui dessert le continent depuis l’Europe ou le Moyen-Orient. Grâce à son concept de mutualisation, la société progresse sur un marché en baisse.
La Matinale.
Chaque matin, recevez les 10 informations clés de l’actualité africaine.
Consultez notre politique de gestion des données personnelles
Transport aérien : l’Afrique, chantier à ciel ouvert
Les plus lus
- Au Mali, le Premier ministre Choguel Maïga limogé après ses propos critiques contr...
- CAF : entre Patrice Motsepe et New World TV, un bras de fer à plusieurs millions d...
- Lutte antiterroriste en Côte d’Ivoire : avec qui Alassane Ouattara a-t-il passé de...
- Au Nigeria, la famille du tycoon Mohammed Indimi se déchire pour quelques centaine...
- Sexe, pouvoir et vidéos : de quoi l’affaire Baltasar est-elle le nom ?