Abderrahmane Berthé : « Nous allons renforcer notre coopération avec Air Ivoire »
Nommé à la tête d’Air Mali en juin 2007, cet ingénieur en aéronautique prône des alliances régionales entre les compagnies africaines.
Transport aérien : l’Afrique, chantier à ciel ouvert
Jeune Afrique : Air Mali vise un chiffre d’affaires de 25 milliards de F CFA cette année, contre près de 20 milliards en 2008. Cet objectif sera-t-il atteint ?
Abderrahmane Berthé : Nous n’en serons pas loin. D’après nos prévisions, cette année le chiffre d’affaires de notre compagnie devrait se situer un peu au-dessus des 22 milliards de F CFA. Cela reste une bonne performance en ces temps de crise. Nous sommes une jeune compagnie qui va continuer de progresser. Nous venons notamment d’ouvrir deux lignes intercontinentales vers Marseille et Madrid et prévoyons de lancer cinq nouvelles dessertes en Afrique de l’Ouest et en Afrique centrale.
Et comment voyez-vous la concurrence sous-régionale en général ?
Air Mali s’inscrit plutôt dans une démarche de partenariat avec les autres compagnies de la sous-région, notamment Air Ivoire. Je ne pense pas qu’une concurrence directe soit une bonne chose pour les voyageurs. Le risque est de se retrouver avec plusieurs compagnies desservant les mêmes destinations le même jour sur un même point de départ. Alors qu’il manque des avions sur certaines lignes. J’ai été plusieurs fois interpellé par des voyageurs qui regrettent que certaines destinations pourtant importantes ne soient pas assurées certains jours. Nous pensons que seule une plus grande coopération entre les transporteurs africains permettrait de remédier à ce déséquilibre.
Peut-on néanmoins conserver son identité en se fondant dans une alliance avec d’autres compagnies ?
Le groupement Celestair, auquel nous appartenons avec Air Burkina et Air Uganda, nous permet de disposer d’un réseau important de liaisons et de réaliser des économies d’échelle grâce à une parfaite synergie et à la mutualisation de certains coûts. Mais il est vrai qu’au sein de ce groupement les produits des différentes compagnies se ressemblent, avec des avions, des couleurs, des uniformes du personnel navigant identiques. Toutefois, chaque transporteur conserve son identité et dispose d’avions à son nom. C’est justement pour renforcer notre identité que nous avons récemment changé de nom. Compagnie aérienne du Mali était trop générique. Cependant, les alliances de trois ou quatre compagnies africaines sont indispensables pour atteindre une taille critique afin de résister à la concurrence, notamment occidentale.
Air Ivoire va-t-il bientôt rejoindre le groupe Celestair ?
Des rumeurs courent à ce sujet depuis 2008, mais ce n’est pas à l’ordre du jour. Air Ivoire reste majoritairement détenu par le Consortium des financiers ivoiriens (CFI). Notre priorité pour l’instant est d’accroître notre coopération avec cette compagnie. Nous avons d’ailleurs conclu avec elle le 30 octobre, à Yamoussoukro [Côte d’Ivoire], un accord pour renforcer notre présence en Afrique centrale et en Afrique de l’Ouest. Grâce à ce partenariat, nous allons proposer plus de fréquences sur certaines destinations en offrant aux passagers la possibilité d’effectuer un aller-retour sur la même ligne au cours d’une même journée.
Où en est-on sur la libéralisation du transport aérien lancé il y a dix ans ?
On peut dire que l’accord de Yamoussoukro est actuellement appliqué, mais avec certaines réserves. Sur le réseau exploité par Air Mali, nous n’avons pas de problème majeur. Mais dans certains pays, il est plus difficile d’obtenir le droit de la cinquième liberté, c’est-à-dire l’autorisation accordée par l’État à une compagnie d’un autre pays de débarquer ou d’embarquer sur son territoire des voyageurs en provenance ou à destination d’un État tiers.
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