De la parole aux actes

Publié le 17 novembre 2009 Lecture : 2 minutes.

Dans le discours qu’il fit au Caire, le 4 juin 2009, pour dire sa volonté de rétablir des relations confiantes entre les États-Unis et le monde musulman, Barack Obama tint à citer le Coran. Il connaît donc sans doute ces versets de la sourate 61 : « Ô vous, les croyants, pourquoi dites-vous et ne faites-vous pas ? Dire ce que vous ne faites pas est grandement haïssable devant Dieu. » Tout le monde avait salué les propos tenus par le président des États-Unis, et tous ceux qui sont épris de justice attendaient de lui que, conformément à ses engagements, il fasse en sorte que son pays devienne, enfin, un arbitre objectif entre Israël et l’Autorité palestinienne. Or voici qu’aujourd’hui tous ceux qui comptaient sur Obama pour que soit trouvée une solution équitable à ce problème majeur sont profondément déçus, car, une fois encore, les États-Unis semblent vouloir soutenir la politique menée par Israël plutôt que de respecter le droit international.

En réalité, nous sommes arrivés à un tournant décisif : si Obama ne se contente pas de belles paroles et décide de faire ce qu’il dit, alors la justice et la paix reviendront au Moyen-Orient. Mais si, une fois encore, cédant aux exigences de Tel-Aviv, Washington n’a pas l’intelligence et le courage de respecter et de faire respecter les résolutions de l’ONU sur la Palestine et le statut de Jérusalem, alors nous allons vers de nouveaux drames. Car l’Histoire nous apprend que les peuples ne supportent pas indéfiniment l’injustice. Et le monde arabo-musulman n’acceptera pas ad vitam aeternam la politique occidentale du « deux poids, deux mesures ».

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Grande est donc, aujourd’hui, la responsabilité d’Obama. Mais grande aussi est celle de tous les États qui s’en sont remis un peu trop au seul président des États-Unis.

Les pays arabes pourraient et devraient mener une action plus efficace. Leur potentiel économique, leurs élites, leurs opinions publiques leur donnent la possibilité d’influencer la politique internationale beaucoup plus qu’ils ne l’ont fait jusqu’ici. Quant au peuple palestinien, si éprouvé, si courageux dans sa résistance, il est en droit d’attendre de tous ses dirigeants qu’ils unissent leurs efforts au lieu de s’opposer, car leurs désaccords font le jeu de leurs adversaires.

L’Union européenne porte ici une lourde responsabilité. Elle aurait pu et dû agir en Terre Sainte, conformément à ses principes relatifs aux droits de l’homme et au droit des peuples à disposer d’eux-mêmes. Elle s’est contentée de déclarations, souvent objectives, mais jamais suivies d’effets. Parmi les pays européens, la France est un de ceux qui sont les plus attentifs au conflit israélo-palestinien. Mais Sarkozy n’est pas De Gaulle. Et Kouchner n’est pas Védrine ou Charette.

Enfin, comme l’a dit Benoît XVI lors de son voyage en Terre Sainte, en mai 2009, les principaux responsables des Églises chrétiennes, du judaïsme et de l’islam doivent se rappeler que Dieu n’entend pas la prière de ceux qui commettent ou laissent commettre l’injustice. En ce début du XXIe siècle où l’on parle tant de dialogues interreligieux, ce dialogue n’est, me semble-t-il, ni sérieux ni honnête si les croyants se contentent de bons sentiments, alors qu’ils devraient, ensemble et avec tous les autres, « chercher la justice » pour tous et partout, y compris, bien sûr, sur la terre où naquit Jésus.

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