RDC/Ouganda : Et au milieu coule une rivière

Le cours de la Semliki, frontière entre la RD Congo et l’Ouganda, a beaucoup dévié. La région est riche en pétrole, les deux pays n’arrivent pas à s’entendre sur un nouveau tracé.

Publié le 25 novembre 2009 Lecture : 2 minutes.

Même naturelles, les frontières bougent. La République démocratique du Congo et l’Ouganda en font l’expérience. Dans les années 1900, les colonisateurs belge et britannique se sont mis d’accord : la rivière Semliki tiendra lieu de frontière entre les deux voisins, sur une centaine de kilomètres. Depuis, ce cours d’eau qui se jette dans le lac Albert a toujours été considéré comme la ligne de démarcation. Rive gauche, la RD Congo, rive droite, l’Ouganda.

Mais de l’eau a coulé depuis le début du XXe siècle. Les neiges du massif montagneux des Ruwenzori, qui alimentent les sources de la rivière, ont fondu sous l’effet du réchauffement climatique. Résultat : la Semliki a gonflé et ses berges se sont déplacées. Son cours s’en est trouvé modifié « plus de cent fois » depuis les années 1960, d’après Goreti Kitutu, chercheuse ougandaise de l’Autorité nationale de gestion de l’environnement (Nema), citée par l’AFP. Au Sud, la RD Congo s’est agrandie. Au Nord, près du lac Albert, c’est l’Ouganda, qui a gagné environ 50 km².

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Au final, où est la RD Congo, où est l’Ouganda ? La question ne concerne pas que les cartographes. Pour Kinshasa, le tracé hérité de la colonisation doit être maintenu, que les eaux de la Semliki coulent toujours sur cette ligne ou pas. Kampala prône de son côté une révision en fonction des évolutions du cours d’eau.

L’enjeu est de taille : du pétrole dort sous la Semliki. Des réserves de plus de 400 millions de barils ont été découvertes dans la zone du lac Albert, côté ougandais. La prospection est moins avancée en RD Congo, mais la présence de l’or noir ne fait aucun doute. Gagner du terrain, c’est gagner des barils.

Île de Rukwanzi, village de Mahagi : avant la Semliki, la RD Congo et l’Ouganda ont eu d’autres différends frontaliers liés à l’or noir. En 2007 et en 2008, leurs gouvernements se sont rencontrés en Tanzanie pour essayer de s’entendre. Des équipes ont été envoyées sur place pour tracer les frontières. L’aide de la Belgique et du Royaume-Uni a été sollicitée. Si aucun accord n’est trouvé, des négociations seront entamées. Et si elles achoppent, la Cour internationale de justice aura le dernier mot.

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