Un mouvement et pléthore de leaders
Le Mouvement des forces démocratiques de Casamance (MFDC), créé le 14 mars 1947, était au départ un parti politique. Sa vocation était de promouvoir des natifs de la région pour qu’ils soient mieux représentés dans les administrations. La revendication de l’indépendance n’est apparue qu’à partir des années 1980 sous l’impulsion de l’abbé Augustin Diamacoune Senghor, décédé en 2007. Estimant que les Casamançais étaient lésés par rapport aux « nordistes », qu’il accusait de piller les ressources abondantes de cette zone particulièrement bien arrosée et fertile, Diamacoune réclamait l’indépendance.
Atika, branche armée du MFDC, le « combattant » en langue joola, a été mise sur pied en 1983 en réponse à la répression violente dont avaient été victimes des sympathisants du mouvement. Estimés à environ 1 500, les premiers éléments étaient dirigés par Sidy Badji. Mais, le chef le plus connu est Salif Sadio. Entre 1990 et 2001, ce chef autoritaire et violent donna des cauchemars aussi bien à l’État qu’aux combattants du MFDC, jusqu’à ce qu’il soit repoussé à la frontière gambienne par les troupes d’un autre chef « rebelle », César Atoute Badiate. À ce jour, Sadio ne contrôlerait que six bases, contre dix-huit pour Badiate.
Côté politique, le mouvement est aussi profondément divisé. Il y a deux querelles de leadership. L’une se déroule au Sénégal, entre l’ex-porte-parole du MFDC Abdou Elinkine Diatta, le frère de l’abbé, Bertrand Diamacoune, et Louis Tendeng qui, tous, se considèrent comme héritier légitime. L’autre se passe en France, entre « exilés », dont Nkhruma Sané, militant de la première heure, Jean-Marie François Biagui, ancien secrétaire général du MFDC et Lansana Goudiaby, proche de Batiate.
Cette cacophonie n’aide pas à la résolution du conflit. Depuis 2005, le MFDC promet de tenir des « assises » pour clarifier sa position. Rien n’avance, et le gouvernement reste sans interlocuteur crédible.
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