Plan « B » comme « Blaise »

Christophe Boisbouvier

Publié le 16 novembre 2009 Lecture : 2 minutes.

A priori, les points de vue sont irréconciliables. Les opposants réunis dans les « Forces vives » réclament le départ immédiat de la junte au pouvoir, alors que celle-ci ne concède qu’une seule chose : un gouvernement d’ouverture dirigé par un Premier ministre de consensus.

Pourtant, le 12 novembre, à l’issue de deux jours d’entretiens à Ouagadougou avec des membres de la junte, le président burkinabè Blaise Compaoré s’est montré optimiste : « J’ai reçu un document complet [de la part de la junte, NDLR] et, avec le dossier que j’avais reçu des Forces vives, je vais pouvoir dégager d’ici à une semaine un projet de cadre de dialogue pour préparer une sortie de crise. »

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La botte secrète de Blaise ? Un sursis pour Dadis en échange de sa non-candidature. Le médiateur pourrait proposer au capitaine Moussa Dadis Camara de continuer à présider la transition pendant six mois ou un an. En contrepartie, celui-ci s’engagerait à ne pas se présenter à la présidentielle de la fin 2010. D’ici là, il serait flanqué d’un Premier ministre issu des Forces vives. Un chef de gouvernement, inéligible comme lui.

Évidemment, la junte fera tout pour que le médiateur ne mette pas l’avenir politique de Dadis sur la table. « Formons un gouvernement et un Conseil national de transition, faisons de nouvelles lois, et nous verrons après », clame Chérif Idriss.

Mais le porte-parole de la junte oublie un peu vite que, dès le 23 septembre, l’Union africaine (UA) a lancé un ultimatum à Dadis pour qu’il renonce formellement à sa candidature et que, le 28 septembre, plus de cent cinquante personnes sont mortes pour qu’il lâche prise. « À partir de cette résolution de l’UA, Blaise ne peut pas faire moins que de demander à Dadis de renoncer. Sinon, ce serait une insulte à la mémoire de nos morts », déclarent en chœur tous les chefs de l’opposition.

Pour arracher cette concession à Dadis, le médiateur burkinabè doit lui donner l’assurance qu’il ne sera pas rattrapé par la justice internationale. Pas facile, après le précédent Charles Taylor. Quand l’ex-président libérien s’est réfugié au Nigeria, tout le monde lui a promis l’immunité. On connaît la suite : Taylor a été livré aux juges de La Haye. Pour rassurer Dadis, il faut donc lui trouver un pays d’accueil qui ne cédera pas aux pressions internationales. Pourquoi pas la Libye ?

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Kadhafi le joker

Pour l’heure, le colonel Kadhafi est plus encombrant qu’autre chose. Il tente de récupérer la médiation guinéenne, mais Compaoré tient bon. Depuis trois semaines, Lansana Kouyaté, l’ancien Premier ministre guinéen, sillonne la sous-région à bord d’un petit jet que le numéro un libyen a mis à sa disposition. Fin octobre, il a été reçu par Dadis au camp Alpha Yaya Diallo de Conakry. En revanche, le 3 novembre à Ouagadougou, il n’a pas pu participer à la rencontre entre les Forces vives et Blaise Compaoré. Ses collègues guinéens s’y sont opposés, et le protocole burkinabè lui a demandé de ne pas insister… Mouammar Kadhafi joue les trouble-fête, mais qui sait ? Un jour peut-être, il sera le joker.

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