Beaucoup de changements

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Publié le 16 novembre 2009 Lecture : 5 minutes.

Nous ne sommes qu’à la mi-novembre et ça sent déjà la fin de l’année : alors, avant de lui dire au revoir pour de bon, voyons ce que 2009 nous a apporté.

J’ai sélectionné, pour ma part, quatre évolutions saillantes et vous invite à en identifier d’autres que je n’ai pas retenues.

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1) La crise économique a été maîtrisée.

Qui ne se souvient qu’au début de l’année, elle s’annonçait terrible pour tout le monde et menaçait, tel un ouragan, de tout balayer sur son passage ?

Nous nous en prenions alors aux économistes qui n’avaient rien vu venir, nous contraignant à l’affronter sans armes ni préparation.

Ce sont les dirigeants politiques et économiques des principaux pays de la planète, ceux-là mêmes dont on stigmatise bien souvent les erreurs et les insuffisances, qui, cette fois, ont su faire face : avec discernement et fermeté, ils ont pris les mesures qui ont enrayé la crise.

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Les économies des pays développés et celles des pays émergents ont tremblé sur leurs bases ; les pauvres ont trinqué, des dizaines de millions de personnes ont perdu leur travail, mais l’édifice a tenu.

Et l’on en est déjà à colmater les brèches, à réparer les dégâts pour repartir avec, nous promet-on, plus de circonspection…

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Le graphique ci-dessus montre l’évolution pour 2009 et 2010 du produit intérieur brut (PIB) d’une vingtaine de pays : certains d’entre eux s’en tirent mieux que les autres, profitent même de la crise pour accentuer leur rattrapage du temps perdu.

2) Le centre de gravité du monde a bougé.

Il y a un an, souvenez-vous, c’était le G8 qui gouvernait le monde ; en son sein, les États-Unis et l’Union européenne tenaient les rênes : le centre du monde était là et nulle part ailleurs.

Aujourd’hui, il est partout, mais c’est du côté de l’Asie qu’il faut regarder pour voir où penche la balance : vers ce continent de plus de 4 milliards d’hommes et de femmes émigrent, l’un après l’autre, les centres de décision. Et, en cette mi-novembre 2009, c’est dans plusieurs pays d’Asie que Barack Obama passe toute une semaine.

L’avez-vous remarqué ? Le président des États-Unis ne s’était pas déplacé en Allemagne pour s’associer aux retrouvailles de « la vieille Europe », qui fêtait, le 9 novembre, le vingtième anniversaire de « la chute du mur de Berlin ». Il aurait dû y être et aurait pu insérer ce rendez-vous dans son agenda puisqu’il était prévu depuis longtemps.

Il a décidé, et c’est un signe fort, de s’y faire représenter par Hillary Clinton pour se consacrer… à la préparation de son voyage en Asie.

Un nouveau coup d’œil sur notre graphique vous permettra de voir que 2009 et 2010 profitent principalement aux grands pays d’Asie : c’est un « nouveau monde », une « nouvelle frontière ».

Et au premier rang, la Chine, qui est à la fois le pays le plus peuplé du monde et celui dont l’économie connaît le taux de croissance le plus élevé.

La Chine compte maintenant plus de cent milliardaires en dollars ; la première compagnie pétrolière du monde, la première banque, la première compagnie aérienne, la première compagnie d’assurance et de télécommunications sont toutes chinoises.

Le retour de la Chine à la prééminence économique mondiale qui était la sienne avant la révolution industrielle a une conséquence : Pékin a étendu son influence politique et économique sur l’Amérique latine, l’Afrique, le Moyen-Orient et l’Asie centrale.

3) L’Union européenne n’est plus bloquée.

Avec vingt-sept pays, un demi-milliard d’hommes et de femmes, un marché unique et une monnaie forte (l’euro), commune à seize pays de l’Union, c’est un archipel de prospérité et de solidarité, un pôle de puissance.

Avec le traité de Lisbonne, qui a été adopté et promulgué en 2009 par les derniers pays adhérents, l’Union a enfin une charte qui lui permet de (mieux) fonctionner.

Dans très peu de jours, elle se donnera, désignés à l’unanimité, un président et un ministre des Affaires étrangères.

Elle aura donc, pour la première fois, un visage… et un numéro de téléphone.

C’est là une évolution significative, une grande date dans l’histoire de l’Union.

4) Pour Al-Qaïda, c’est le déclin irréversible.

L’organisation d’Oussama Ben Laden et d’Ayman al-Zawahiri existe depuis une vingtaine d’années, mais elle s’est fait un nom le 11 septembre 2001 en s’attaquant de façon spectaculaire aux États-Unis : elle a détruit, ce jour-là, les tours jumelles de New York et endommagé le Pentagone, faisant, en quelques heures, près de 3 000 morts.

Depuis, le monde n’a plus été le même et la plus grande des puissances a sombré dans l’irrationalité.

Huit ans après, où en est l’organisation qui est le moteur central du djihadisme et sa personnification ?

Considéré comme l’un des meilleurs connaisseurs de la nébuleuse islamiste, Jean-Pierre Filiu, auteur de deux livres sur le sujet*, vient de formuler un diagnostic avec lequel je suis entièrement d’accord : « Al-Qaïda est, aujourd’hui, à bout de souffle. Le 11 Septembre a été son apogée, mais aussi le début de son déclin…

Ben Laden n’a réussi qu’à embraser un patriotisme américain particulièrement offensif. Surtout, il s’est trompé sur l’islam, son cœur de cible : dans leur grande majorité, les musulmans ont été saisis par l’horreur des attentats et se sont retournés contre l’organisation.

Al-Qaïda n’a réussi à différer l’impact de cette hostilité des musulmans que grâce à « l’invasion bénie de l’Irak » lancée par un Bush providentiel…

La direction d’Al-Qaïda est, depuis un an, dans un cul-de-sac géographique, idéologique et militaire, enfermée dans la zone tribale pakistanaise où l’organisation est née…

Elle a intégré en son sein les djihadistes algériens du GSPC, sorte de « franchise » pour mener grâce à eux des actions en Europe. C’est un nouvel échec…

Al-Qaïda ne peut survivre que dans l’affrontement entre le monde occidental et l’islam, et seule une invasion de l’Iran ou une attaque d’Israël contre Téhéran pourrait lui fournir une chance aussi providentielle que l’invasion de l’Irak en 2003. Al-Qaïda joue aujourd’hui sa survie… »

Avec le départ de George W. Bush au début de cette année 2009 et son remplacement à la Maison Blanche par Barack Obama, l’image des États-Unis dans le monde a été transformée. Il n’y a plus, en tout cas, ni « axe du mal » ni pays traités en parias.

Pour 2010, et au risque de vous paraître trop optimiste, je pronostique que le dialogue avec l’Iran portera des fruits, que l’embargo qui frappe Cuba depuis un demi-siècle sera, sinon levé, du moins atténué.

Et que la Corée du Nord, elle-même, prendra le chemin qui la sortira de la glaciation.

* L’Apocalypse dans l’islam et Les Neuf Vies d’Al-Qaïda (Fayard, Paris).

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