L’ethnologie et l’Afrique
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Claude Lévi-Strauss restera pour beaucoup l’un des premiers ethnologues à avoir contesté l’idée d’une hiérarchie des cultures. Lors de la célébration de son centenaire, en novembre 2008, le philosophe sénégalais Souleymane Bachir Diagne expliquait dans Jeune Afrique (n° 2499) que « Race et histoire ainsi que Race et culture continuent d’exprimer la difficulté – et l’exigence cruciale du monde dans lequel nous vivons – de concilier l’universel et la diversité. Cette difficulté est au cœur de la réflexion philosophique sur notre temps postcolonial ».
Si la pensée de Lévi-Strauss a bouleversé l’anthropologie française, son apport aura été, en revanche, moins fondamental pour les savoirs africanistes. D’une part parce que Lévi-Strauss s’est peu intéressé à l’Afrique. Mais aussi, et peut-être même surtout, parce que les chercheurs africains eux-mêmes lui ont reproché, comme à d’autres ethnologues occidentaux, de réduire l’« autre » à un objet d’étude. Des philosophes africains, tels Paulin Hountondji, Marcien Towa, Stanislas Spero Adotevi ou encore V.Y. Mudimbe, ont vu en l’ethnologie une démarche coloniale et se sont attachés à africaniser les sciences sociales afin que les savoirs sur les sociétés africaines soient produits par les Africains eux-mêmes. L’homme africain refuse d’être considéré comme un objet, pour se poser en sujet capable de réflexion sur lui-même.
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