Francophonie : les libraires aussi
Ce n’est pas un hasard si c’est à Beyrouth qu’a été lancée, le 23 octobre, la « charte du libraire francophone ». La capitale libanaise vit une année 2009 placée sous le double signe de la langue française et du livre. Après avoir été retenue comme lieu officiel de la célébration, le 20 mars, de la Journée internationale de la francophonie, elle a accueilli, du 27 septembre au 6 octobre, les Jeux de la francophonie. Enfin, et alors que Beyrouth a été désignée par l’Unesco capitale mondiale du livre 2009, elle a organisé du 23 octobre au 1er novembre la 16e édition de son Salon du livre francophone.
La défense du français est une vieille antienne. Les nostalgiques de sa splendeur passée cherchent à enrayer son recul. Certains ont parfois en tête les problèmes de l’édition. Mais on s’intéresse rarement à ceux de la librairie. Or à quoi bon des livres, s’il n’y a personne pour les vendre ? L’idée de créer un regroupement professionnel est née en 2001. Elle s’est concrétisée l’année suivante à Paris avec la création de l’Association internationale des libraires francophones (AILF). Cette dernière compte désormais plus de 140 membres. Parmi eux, une cinquantaine en Afrique subsaharienne (dont près de 35 rien que pour l’Afrique de l’Ouest) et une trentaine au Maghreb. Ils sont plus de 20 dans la région Proche- et Moyen-Orient, dont 9 au Liban. Les autres membres sont établis un peu partout dans le monde.
Faut-il s’étonner de la faible représentation des libraires du Nord (France, Belgique, Suisse, Québec) ? Non, car leurs besoins ne sont pas aussi pressants que ceux de leurs collègues du Sud, africains en particulier. Ces derniers, compte tenu des délais d’acheminement, réclament par exemple des échéances de paiement allongées. Si les problèmes de transport d’un libraire belge ne sont pas comparables à ceux d’un libraire malien, cela ne les empêche pas d’avoir des intérêts communs. En se regroupant, ils peuvent faire pression sur les pouvoirs publics pour alléger les taxes qui pèsent sur le livre. Et peuvent encourager les éditeurs à mettre en place une politique de prix adaptée aux différents contextes économiques.
« La charte lancée le 23 octobre n’est pas un label », insiste Michel Choueiri, président de l’AILF et patron de la librairie El-Bourj. Elle n’est pas non plus contraignante. Les libraires de l’association ne vendent d’ailleurs pas que des livres en français, surtout dans les zones de plurilinguisme, et a fortiori au Liban, où le trilinguisme est devenu la règle. Ceux qui signeront cette charte s’engagent à respecter un certain nombre de critères, comme la qualité du service ou le respect des réglementations en matière de prix et de remises. Autre point important, le libraire garde toute sa liberté dans le choix de son assortiment. On l’aura compris, les professionnels qui participent à ce mouvement ne sont pas de simples vendeurs de livres. Ils sont les garants de la diversité culturelle.
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