Euronews se veut aussi africaine
La chaîne paneuropéenne a l’Afrique dans le viseur. Depuis deux ans, elle s’affiche de plus en plus sur les écrans du continent et touche 38 millions de foyers.
« Diffuser en wolof ou en swahili, pourquoi pas ? » La phrase est lâchée dans un sourire, le regard est sérieux. Philippe Cayla, qui dirige Euronews, entend le faire savoir. La chaîne paneuropéenne est déjà distribuée dans les 53 pays africains et présente dans 38 millions de foyers. Dont près de 18 millions en Afrique subsaharienne. Une stratégie amorcée en 2007 et menée tambour battant avec la nomination d’un Monsieur Distribution Afrique, Jean-Luc Maertens.
Sa stratégie africaine est simple. D’abord, parier sur une distribution offensive. La chaîne est présente sur tous les bouquets satellitaires du continent (Arabsat, Multichoice, CanalSat…). Son multilinguisme, enrichi de l’arabe en 2008, facilite cet affichage tous azimuts. Si elle vise le plus grand nombre, Euronews ne rechigne pas à s’emparer de niches. Depuis août 2009, les travailleurs philippins des plates-formes pétrolières de Guinée-Bissau la captent en espagnol.
Ensuite, miser sur le hertzien grâce à des accords de partenariat avec des télévisions. C’est le cas dans neuf pays d’Afrique subsaharienne. Des tranches d’information de trente minutes estampillées Euronews sont diffusées en simultané sur la chaîne publique congolaise RTNC et sur des chaînes privées au Bénin, au Sénégal, au Cameroun, au Burkina, au Togo, aux Seychelles et au Niger depuis le début 2009. À Kinshasa, Euronews est même diffusée en clair vingt-quatre heures sur vingt-quatre sur Canal 36, une fréquence qu’utilisait feu la chaîne Canal France International (CFI TV), captée au Congo-Brazzaville. Cette offensive hertzienne n’est pas près de cesser. « Je suis en train de négocier une diffusion en hertzien au Maghreb », confie Philippe Cayla.
Asseoir une stratégie de partenariat plutôt que poursuivre une stricte logique commerciale à court terme est « un pari sur l’avenir », dixit Philippe Cayla. Objectif : capter les futures CSP+ (catégories socioprofessionnelles élevées) africains, ces élites à hauts revenus. L’affichage en hertzien « apporte une visibilité que la distribution satellitaire ne peut pas donner », précise Jean-Luc Maertens.
1 000 sujets sur l’Afrique
Cette offensive veut contrer la concurrence des BBC World, CNNI ou France 24. « Nous sommes la première chaîne internationale présente », affirme Philippe Cayla, qui revendique « une place de choix » au Sénégal, au Cameroun et au Bénin. Selon l’étude Africascope de TNS menée avant l’été, Euronews est leader à Kinshasa avec une couverture mensuelle cumulée de 58 %, contre 24 % pour France 24 et 5 % pour CNNI. La même étude place-t-elle France 24 devant Euronews à Abidjan et à Dakar ? Moue dubitative de Jean-Luc Maertens : « Les études d’audience sont fragmentaires et peu fiables. »
Si Euronews ne veut pas être juste une chaîne internationale de plus sur le continent, il lui faut mettre davantage d’Afrique à l’antenne. En 2008, 1 000 sujets ont été consacrés au continent : 700 sur l’Afrique subsaharienne, dont 10 % pour l’Afrique du Sud, et 300 sur l’Afrique du Nord. C’est peu. Plusieurs chaînes publiques nord-africaines sont pourtant actionnaires d’Euronews : la SNRT marocaine, l’ENTV algérienne, l’égyptienne Ertu et la tunisienne ERTT. Mais elles ne détiennent que 1,21 % des parts à elles quatre… No comment.
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