Paris maintient ses ambitions
« La place financière de Paris est une zone de stabilité monétaire qui couvre 300 millions de consommateurs. Son système bancaire est sain et solide et son économie tient la route. » C’est ainsi que Christine Lagarde, la ministre de l’Économie, de l’Industrie et de l’Emploi, a ardemment défendu, le 3 novembre, son ambition de faire de la capitale française une place aussi compétitive, si ce n’est davantage, que celle de Londres dans la finance islamique. Un défi que Paris peine pour l’instant à relever (voir J.A. n° 2543).
Lors de ce colloque organisé au ministère par Premier cercle en coopération avec le cabinet Norton Rose, spécialiste des marchés islamiques, et l’association Europlace, qui promeut la place financière parisienne, la ministre a reçu des soutiens de poids. Invité d’honneur, le patron du groupe Renault-Nissan, Carlos Ghosn, a admis la nécessité de diversifier les sources du financement de son groupe, dont il a estimé les besoins à 20 milliards d’euros par an. Selon le dirigeant, Paris pourrait ainsi contribuer à la normalisation des produits financiers islamiques en les rendant « plus simples, plus familiers, moins chers et mieux accessibles aux clients ». Son groupe envisagerait même d’avoir recours à la finance islamique pour ses exportations vers le monde musulman. C’est déjà le cas pour le groupe GDF Suez, dont le directeur général chargé des investissements et des acquisitions, Pierre Chareyre, a confirmé sa volonté de recourir aux capitaux islamiques pour la réalisation en 2010 de ses centrales électriques au Moyen-Orient, pour un montant de plusieurs milliards de dollars.
Paris a surtout l’avantage de donner aux investisseurs islamiques un accès privilégié à l’euro, plus fort que le dollar et aujourd’hui presque au niveau de la livre sterling. Opiniâtre, la ministre entend bien parvenir à ses fins. « Je ne suis pas opportuniste. Mais c’est un combat que je mène depuis dix-huit mois », a-t-elle expliqué aux banquiers et aux chefs d’entreprise. Du coup, Christine Lagarde a réitéré sa volonté de lever tous les obstacles juridiques, réglementaires et fiscaux. À commencer par la reformulation du premier amendement « islamique » du Code civil que le Conseil constitutionnel a, le 14 octobre, rejeté « sur la forme et non sur le fond ».
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