Le bout du tunnel ?

Toutes les prévisions l’affirment : l’économie mondiale repart. Pour une fois, l’Afrique suit le mouvement. Mais si la zone franc se glisse timidement sur les rails de la reprise, la crise a laissé des traces.

Publié le 9 novembre 2009 Lecture : 3 minutes.

Le pire est sans doute passé. Rattrapé par la crise financière et économique, le continent a été durement touché à partir du dernier trimestre 2008 et jusqu’à la fin du premier semestre 2009. « La crise existe, elle a touché nos pays, mais l’impact n’a pas été aussi intense que nous l’avions craint », insistait Soumaïla Cissé, le président de la Commission de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA), lors de la dernière réunion de la zone franc le 29 septembre dernier.

Depuis la seconde partie de l’année, l’économie mondiale se porterait même mieux. C’est en tout cas ce qu’assure le Fonds monétaire international (FMI). Certes, elle progressera de seulement 1 % cette année, pour renouer avec une hausse de 3 % l’an prochain et de 4,25 % en 2011. Mais, pour une fois, le continent s’installera dans le train de la reprise. « Comme 75 % des économies d’Afrique subsaharienne ont connu de grands épisodes de croissance avant le ralentissement, elles connaîtront une reprise forte et vigoureuse après la récession », assure Abobe Sélassié, le chef de la division économie et études du FMI. Et, selon les dernières données de l’institution de Bretton Woods, publiées en octobre, le continent connaîtra un taux de croissance qui ne dépassera pas 1 % en 2009. Mais, dès l’an prochain, le PIB africain progressera de plus de 4 %, pour atteindre 5,5 % en 2011.

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Cependant, si les prévisions sont très favorables pour les deux ans à venir, les dégâts de la crise en 2008 et 2009 ont laissé des traces. Les économies de la zone franc seront-elles assez solides pour panser leurs plaies et se relancer ? Car si la croissance de l’Afrique subsaharienne a fortement chuté, pour tomber en 2008 à 5,5 %, contre 6,9 % en 2007, elle demeure largement supérieure en moyenne à celle de la zone franc. En effet, le PIB de l’UEMOA a progressé de 3,1 % à 3,8 % sur cette période et celui de la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (Cemac) a reculé de 4,6 % à 4 %.

Et avant de profiter de l’embellie annoncée, la zone franc s’attend encore à des mois difficiles. La forte dépendance de la plupart de ses pays à l’exportation (les cours du bois ont chuté de 29 % depuis le dernier trimestre 2008) et la faible diversification du tissu productif auront un impact important sur les recettes des pays. En conséquence, le déficit budgétaire devrait se creuser de 2,9 % à 4,1 % du PIB en moyenne pour la zone franc, dont 6,6 % pour l’UEMOA (4,9 % en 2008) et 1,3 % pour la Cemac (9,8 %). De plus, le tassement des flux des capitaux privés a entraîné le report d’investissements, notamment dans les industries extractives et les infrastructures lourdes (routes, électricité). Les investissements directs étrangers (IDE), qui ont déjà chuté de moitié en 2008, devraient encore diminuer en 2009.

Des États mieux armés

Bien sûr, la récession a frappé chaque pays de manière différente. Mais justement, cela a relancé le débat en Afrique de l’Ouest sur l’incapacité des pays réunis en union monétaire à pouvoir se doter d’une politique économique de lutte contre la crise adaptée à leurs besoins.

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Mais pour l’instant, seul le discours sur les capacités de résistance des économies africaines domine. « Avec un cadre macroéconomique plus solide – une inflation diminuée de moitié depuis les années 1990, des réserves de change accrues de 30 % et des politiques budgétaires prudentes –, les États ont mieux affronté la crise et se trouvent mieux armés pour relancer la machine économique au moment de la reprise », résume Shanta Devarajan, économiste en chef de la Banque mondiale. Restent les pays les plus endettés. « Que vont pouvoir faire ces pays qui n’ont aucune marge de manœuvre, et que pourra-t-on faire pour eux ? », s’interroge Patrick Guillaumont, du Centre d’études et de recherches sur le développement international (Cerdi).

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