Maroc : des lendemains qui déchantent

Alexis Billebault

Publié le 13 novembre 2009 Lecture : 3 minutes.

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Maghreb : la folie du foot

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Les Lions de l’Atlas n’iront pas en Afrique du Sud en juin prochain. Et s’ils ne battent pas le Cameroun le 14 novembre à Fès, tout en espérant un faux pas du Togo face au Gabon, ils pourraient aussi manquer le seul voyage en Afrique australe encore à leur portée. Car le Maroc court le risque de voir la (petite) porte de la CAN angolaise se refermer devant lui. « Une élimination, la première depuis 1996, serait grave pour la sélection », prévient Abdeslam Ouaddou, le défenseur de Nancy.

Depuis 1998, les Marocains ne parviennent plus à se qualifier pour une Coupe du monde. Et une absence au grand raout continental de janvier viendrait ternir un peu plus le blason d’une sélection qui vit encore dans le souvenir d’une finale disputée voilà bientôt six ans. « Cette finale de la CAN tunisienne en 2004, c’est un peu l’arbre qui cache la forêt, grince Walid Regragui, qui avait participé à ce qui ressemblait alors au nouveau souffle du football marocain. Il fallait se servir de ce résultat pour construire quelque chose de solide, professionnaliser le championnat, mettre l’accent sur la formation des jeunes, des éducateurs, améliorer les stades… Et rien ou presque n’a été fait », regrette l’ancien joueur de Grenoble, actuellement au chômage, qui aimerait voir son pays « organiser une CAN ou une compétition internationale pour les jeunes afin de doper son football et d’avoir une vision sur dix à quinze ans. Et je ne parle pas des clubs, qui ne brillent plus lors des compétitions africaines ». Abdeslam Ouaddou, convoqué pour jouer face aux Camerounais, s’étonne de l’absence de véritable projet pour le football marocain, frappé par une instabilité chronique : « Prenez le nombre de sélectionneurs depuis dix ans : il y en a eu onze ! On ne laisse pas les gens travailler. Et même si vous mettiez Capello ou Wenger, cela ne résoudrait pas tout. On peut aujourd’hui se demander si toutes les fonctions importantes sont vraiment occupées par des personnes compétentes. Avant qu’il ne soit viré cet été, Roger Lemerre s’était vu imposer des joueurs qui n’avaient pas de club ou ne jouaient pas. Et le gros problème de cette sélection vient des tensions qui existent entre les locaux et les professionnels. Quand j’entends certains dire qu’il ne faut plus faire venir ceux qui jouent à l’étranger parce qu’ils ne sont pas patriotes, c’est stupide et faux. » 

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Du désamour au désintérêt

Inévitablement, ces lendemains qui déchantent ont éloigné l’équipe nationale de son public. Les matchs des Lions de l’Atlas n’attirent plus grand monde, mais, selon Najib Selmi, journaliste à L’Opinion, ce désamour ne glisse pas (encore ?) vers le désintérêt. « Le public est très versatile, et je suis impatient de connaître le résultat du match contre le Cameroun, explique-t-il. Ici, les gens sont des amoureux des résultats plus que de l’équipe nationale. En championnat, si le Raja Casablanca est premier, il y aura 100 000 spectateurs au stade Mohammed-V. Sinon, ils seront 10 000. C’est la même chose pour l’équipe nationale. Une victoire et une qualification pour la CAN arrangeraient les choses, car il y a eu une vraie rupture entre les supporteurs et la sélection. » Najib Selmi la situe en janvier 2008, lors de l’élimination au premier tour de la CAN, au Ghana. « Et elle s’est amplifiée avec la défaite contre le Gabon à Casablanca (1-2) en mars dernier. Il ne faudrait pas que le Maroc fasse comme l’Algérie des années 1980 et vive sur son passé. » Au royaume chérifien, tout le monde ou presque considère que la bande à Hassan Moumen, avec ses trois malheureux points en cinq matchs, a perdu toutes ses illusions. « Au moins, sur ce match, la pression sera moindre, assure Najib Selmi. Si nous sommes éliminés, il n’y aura pas de révolte du public… »

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