La prison pour huit tortionnaires

Le 31 octobre, la Sierra Leone s’est vidée de ses plus célèbres prisonniers. Huit barons sanguinaires des factions rebelles qui ont décimé le pays pendant la guerre (1991-2002) : Alex Tamba Brima, Brima Bazzy Kamara et Santigie Borbor Kanu, chefs du Conseil des forces révolutionnaires armées (ARFC) ; Moinina Fofana et Allieu Kondewa, leaders des Forces de défense civile (CDF) ; Issa Sesay, Morris Kallon et Augustin Gbao, commandants du Front révolutionnaire uni (RUF).

Freetown ne disposant pas de pénitencier adapté à ces détenus sensibles, un accord a été passé avec le Rwanda. Ils purgeront leur peine à Mpanga, une prison de Kigali, après avoir été condamnés pour crimes de guerre et crimes contre l’humanité par le Tribunal spécial pour la Sierra Leone (TSSL). Leurs peines vont de quinze à cinquante-deux ans de prison.

Le transfert est intervenu cinq jours après l’annonce des derniers jugements en appel (pour le trio du RUF, dont les peines ont été confirmées). Le Tribunal spécial, créé en 2002 par l’État et les Nations unies pour juger les principaux responsables des atrocités commises à partir de 1996, n’a jugé et condamné que huit « chefs » de milices. Par souci d’efficacité, leurs milliers de recrues n’ont pas été inquiétées.

Le travail du tribunal sera totalement terminé une fois réglé le sort de Charles Taylor. Accusé d’avoir soutenu la rébellion du RUF, l’ex-président du Liberia est actuellement jugé à La Haye (Freetown a refusé que le procès se tienne en Sierra Leone). Son procès devrait s’achever en 2011.

Pendant sept ans, le TSSL a vécu des subventions des État avec un budget de 170 millions de dollars. Avec un apport de 60,4 millions de dollars, les États-Unis étaient le premier contributeur. Le Nigeria, Maurice, le Sénégal et l’Afrique du Sud étaient les seuls donateurs africains.