Le Fespaco sauvé des eaux
Le 1er septembre, des pluies diluviennes s’abattent sur la capitale burkinabè. Plus de 300 litres d’eau par mètre cube. Ouagadougou se retrouve subitement sous les eaux. Huit personnes y perdent la vie, 150 000 leur logement. Les dégâts matériels se chiffrent en dizaines de milliards de franc CFA, et le délégué général du Festival panafricain du cinéma et de la télévision de Ouagadougou (Fespaco), Michel Ouédraogo, découvre avec stupeur que le siège du Fespaco et sa précieuse cinémathèque sont inondés. Plus de 1 mètre d’eau s’est infiltré dans les réserves et stagne entre les rayonnages.
Un désastre. Depuis 1992, la Cinémathèque africaine de Ouagadougou est la mémoire du septième art du continent. Elle stocke tous les films qui ont été projetés en quarante ans de Fespaco ainsi que les archives de la télévision nationale. Son trésor comprend plus de 1 500 copies de films, dont certaines sont introuvables ailleurs. Le déluge de septembre a gravement endommagé des centaines de bobines, l’équivalent du tiers de l’ensemble du patrimoine cinématographique africain. Certaines n’étaient déjà pas en bon état avant le sinistre, raison pour laquelle il a été décidé de procéder à la numérisation des films.
Le 6 novembre, un accord de jumelage entre la Cinémathèque africaine de Ouagadougou et celle de Culturesfrance a été signé par Michel Ouédraogo et Olivier Poivre d’Arvor, directeur de l’opérateur culturel dépendant des ministères français des Affaires étrangères et de la Culture. Ce jumelage prévoit le don, sous la forme de copies en 35 mm ou en format numérique, de plus de 500 titres de la production cinématographique africaine. Premier film à avoir ainsi retrouvé les rayonnages de la cinémathèque de Ouagadougou : Rabi (1992), de Gaston Kaboré, qui reçut l’étalon de Yennenga en 1997 pour Buud Yam.
