Lutte des places à Bruxelles

ProfilAuteur_AlainFaujas

Publié le 9 novembre 2009 Lecture : 3 minutes.

Le dernier favori pour le poste de président du Conseil européen – désormais doté d’un mandat de deux ans et demi, renouvelable une fois – est le Premier ministre belge Herman Van Rompuy (62 ans), un chrétien-démocrate flamand et quadrilingue qui fait l’unanimité dans son pays en raison de l’apaisement qu’il a apporté dans le sempiternel conflit entre Flamands et Wallons. Vers la mi-novembre, un sommet extraordinaire devrait enfin désigner ce chef de l’exécutif qui, depuis toujours, fait tant défaut aux Vingt-Sept. Ce numéro de téléphone que l’Américain Henry Kissinger déplorait de ne pouvoir appeler en cas de crise, lorsqu’il était secrétaire d’État.

Ce sont les Français qui, lors de la négociation du traité de Lisbonne (finalement ratifié par le dernier récalcitrant, le président tchèque Vaclav Klaus, le 3 novembre), ont le plus insisté pour que le Vieux Continent ait à l’avenir un visage dans lequel 500 millions d’Européens puissent se reconnaître. En 2007, Nicolas Sarkozy avait avancé le nom de Tony Blair, l’ancien Premier ministre britannique, dont le charisme et le carnet d’adresses lui semblaient devoir faire merveille.

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Las ! Des voix se sont élevées chez les gouvernants des « petits » pays comme le Luxembourg, les Pays-Bas, la Belgique ou l’Autriche pour souligner que le sémillant Tony avait été le « caniche » de George W. Bush et même son complice lors de l’invasion de l’Irak. Et qu’il n’avait pas fait grand-chose pour convaincre ses compatriotes d’adopter l’euro. Mauvaise pioche.

Jean-Claude Juncker (55 ans), l’inamovible Premier ministre luxembourgeois, s’est alors porté candidat, sans le dire ouvertement. Problème : le président français juge qu’il n’a pas combattu la crise économique avec suffisamment d’énergie et que son pays ressemble furieusement à un paradis fiscal. Quant aux Britanniques, ils voient en lui un dangereux fédéraliste. Exit, donc, Juncker.

Tactations en coulisses

Quelques outsiders, tous anciens chefs d’État ou de gouvernement, ont alors pointé leur nez. D’abord, Jan Peter Balkenende, le Premier ministre conservateur néerlandais. Il a la préférence du tandem Sarkozy-Merkel, malgré son atlantisme et son manque de charisme, mais les partis de sa coalition s’opposent à son départ pour Bruxelles. Ensuite, l’ancien chancelier autrichien Wolf­gang Schüssel, l’ancien Premier ministre finlandais Paavo Lipponen, les anciennes présidentes irlandaise Mary Robinson et lettone Vaira Vike-Freiberga… L’embarras du choix.

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Parallèlement, les tractations se poursuivent en coulisses pour désigner le titulaire de l’autre poste important créé par le traité de Lisbonne : le haut représentant pour les Affaires étrangères et la Politique de sécurité. Celui-ci aura le titre de vice-président de la Commission européenne, coiffera les 120 « ambassades » de l’UE à l’étranger et regroupera sous son autorité un « service diplomatique » dont les fonctions sont actuellement éclatées, à Bruxelles, entre trois administrations.

Les prétendants à ce poste de ministre des Affaires étrangères, qui pourrait se révéler plus important que celui de président, sont légion. Parmi eux, citons le Britannique David Miliband, patron du Foreign Office, qui se réfugierait bien à Bruxelles pour échapper aux conséquences de la défaite annoncée du Parti travailliste, l’an prochain ; l’ancienne chef de la diplomatie autrichienne Ursula Plassnik ; l’ancien Premier ministre suédois Carl Bildt ; l’ancien commissaire européen Chris Patten ; et Franco Frattini, l’actuel chef de la diplomatie italienne.

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Le choix final sera compliqué par le fait qu’il devra respecter l’équilibre politique de l’Europe, ce qui veut dire que si le président est un conservateur, le ministre des Affaires étrangères doit être un socialiste. Et vice versa.

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