Bande dessinée : d’une case l’autre

François Bourgeon signe le sixième tome de sa série commencée il y a vingt ans. Et restitue avec précision le combat pour l’abolition de l’esclavage.

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Publié le 16 novembre 2009 Lecture : 2 minutes.

« Au milieu du printemps 1862, l’USS Essex doubla l’Église rouge et fit une courte pause devant la plantation Murrait. » Cette « courte pause » est d’une incroyable violence : le navire militaire qui remonte le Mississippi ouvre le feu sur les bâtiments des planteurs, tuant une esclave noire et l’enfant de 5 ans qu’elle porte dans les bras. Magistrale, la scène d’ouverture de La Petite Fille Bois-Caïman, la nouvelle bande dessinée de François Bourgeon, nous transporte en Amérique, au tout début de la guerre de Sécession (1861-1865).

Comme à son habitude, le scénariste et dessinateur âgé de 64 ans restitue avec précision l’atmosphère, les décors et l’état d’esprit de l’époque. Et, comme à son habitude, il donne vie à des héroïnes sensuelles, très féminines dans leurs atours et parfois très garçonnes dans leurs attitudes. Politiquement incorrecte, pétrie de contradictions, Zabo est ainsi une jeune femme indépendante à la fois proche des esclaves noirs et acquise aux idées du Sud esclavagiste. « Gardez vos larmes pour demain ! n’hésite-t-elle pas à proférer. Ces Yankees à la longue figure ne renverront jamais tous les Noirs en Afrique, ni au Liberia, ni ailleurs, et leur nombre nous écrasera ! » 

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Luxe de détails

Poussée à fuir par la guerre, elle va rencontrer une vieille parente portant le même patronyme qu’elle : Isabeau Murrait. Les inconditionnels de la série « Les Passagers du vent », commencée en 1980 (La Petite Fille Bois-Caïman en est le sixième tome), seront ravis de reconnaître et de retrouver la brune Isa, belle rebelle éprise de liberté, désormais vieille dame de 99 ans habitée par les souvenirs d’une vie d’aventures…

Toujours aussi à l’aise dans la peinture d’une époque, François Bourgeon se permet un luxe de détails tant graphiques qu’historiques. Et s’autorise ces longs retours en arrière qui contribuent à donner de l’épaisseur aux personnages. Paru il y a vingt-cinq ans, Le Bois d’ébène semblait devoir clore la série. Il n’en est rien, et l’on retrouvera bientôt Isa et Zabo, deux femmes aux prises avec l’Histoire – entre le commerce triangulaire et l’abolition de l’esclavage.

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