Roaming : des appels bientôt sans frontières
Les opérateurs de téléphonie mobile multiplient les initiatives de roaming à bas prix, ce service d’itinérance qui permet aux usagers de rester connectés à l’étranger.
Telecoms : agitation sur toutes les lignes
La bataille du roaming en Afrique aurait-elle déjà commencé ? L’activisme publicitaire, l’intense veille concurrentielle et les négociations serrées au sein des plus grands groupes de télécommunications sur le continent semblent le confirmer. Pourtant, à première vue, la niche de « l’itinérance », autrement dit la possibilité de pouvoir appeler et d’être appelé dans et hors de la zone de couverture de son opérateur (qui correspond en général à un seul pays), est minuscule en Afrique. En effet, elle ne vise que la minorité des « élites mondialisées », cadres supérieurs adeptes de la mobilité que l’on retrouve notamment dans la diaspora vivant à l’étranger. Une population également de chefs d’entreprise particulièrement choyée par les opérateurs parce qu’elle consomme beaucoup. Mais, aujourd’hui, elle n’est plus la seule cible des offres de roaming. Dans des contextes de politiques d’intégration régionale de plus en plus fortes – en particulier en Afrique australe et en Afrique de l’Ouest –, les commerçants, les travailleurs agricoles et les familles transnationales sont amenés à se déplacer davantage dans leur sous-région. Il s’agit donc de toucher cette nouvelle couche sociale et de démocratiser ainsi le roaming international en baissant les prix de manière vvsignificative. « Le challenge des principaux opérateurs transnationaux est de créer des espaces uniques au sein desquels les tarifs sont quasiment les mêmes et les services aussi », explique Francis Polneau, spécialiste du roaming chez MTN Côte d’Ivoire, la filiale ivoirienne du géant sud-africain de la téléphonie mobile. Sur ce terrain, son concurrent koweïtien Zain fait figure de pionnier. Présent dans dix-neuf pays de l’Afrique et du Moyen-Orient, il a été le premier à casser les codes du marché du roaming entre ses abonnés en supprimant le surcoût de la réception des appels d’un pays à un autre. L’opérateur facture également les appels internationaux sortants au prix des communications locales du réseau visité. Globale pour les abonnés post-payants, l’offre ne concerne pour l’instant que six pays africains (Kenya, Burkina, Tanzanie, Gabon, Congo, Madagascar) pour les clients en mode prépayé. Cette catégorie de clientèle peut aller jusqu’à utiliser les systèmes de rechargement des pays visités.
MTN, de son côté, lance progressivement dans sa zone Weca (Afrique de l’Ouest et Afrique centrale) un service similaire, le MTN Seamless Roaming, qui est pour l’instant en phase pilote dans quatre pays : le Cameroun, le Nigeria, le Bénin et le Ghana. Quant à Orange, qui a l’avantage certain d’avoir son siège en France, l’une des principales destinations des Africains francophones, il se contente pour l’instant d’opérations de promotion ponctuelles pour le roaming vers l’Hexagone.
De telles initiatives, sources de fidélisation de la clientèle et qui peuvent rapporter gros en termes d’image, sont néanmoins coûteuses pour les opérateurs. Elles reviennent à se priver volontairement de tarifs élevés, alors que le revenu moyen par utilisateur (Arpu) baisse inexorablement. La stratégie du « réseau unique » ne saurait de toute façon résumer les enjeux du roaming en Afrique. Bien installés, les principaux réseaux transnationaux ne couvrent pas tous les pays. Plus que jamais, les opérateurs s’activent alors pour sceller des alliances. Ces accords de partenariat, différents selon qu’ils portent sur des abonnés post-payants – segment sur lequel les opérateurs sont les plus avancés –, sur des abonnés prépayés – cible en plein développement – ou sur le data qui permet aux abonnés de bénéficier, loin de leur pays, des services GPRS comme l’Internet sur leurs smartphones.
Alliance de MTN et Belgacom
En attendant, « pour signer un accord de partenariat de roaming, il faut être deux. Quand l’intérêt n’est pas mutuel, les choses peuvent traîner », tempère un expert ouest-africain. Pour cette raison, les opérateurs du continent préfèrent de plus en plus signer avec des prestataires appelés international carrier services. Ce sont des intermédiaires qui facilitent l’interconnexion entre deux réseaux non liés par un accord formel. Ces prestataires sont souvent des départements de grands groupes de télécommunications, qui valorisent ainsi leur portefeuille d’accords bilatéraux. Il en va ainsi entre le belge Belgacom et MTN, dont les départements carrier se sont alliés à travers l’entrée de MTN dans le capital de Belgacom International Carrier Services (BICS) et dont Swisscom est également actionnaire. France Télécom, l’américain AT&T et l’indien Bharti ont scellé le même type d’alliance.
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