Commerce : au nom de l’intégration
Le Maroc à la conquête de l’Afrique
« Il y a ce qui se dit à l’ONU et il y a la realpolitik des affaires. » Ce constat d’un diplomate marocain résume le pragmatisme qui prévaut à Rabat, face aux enjeux commerciaux du continent et à son intégration dans l’économie mondiale.
Amorcée dès le début des années 1990, l’activité des opérateurs marocains dans des pays qui avaient choisi de reconnaître la République arabe sahraouie démocratique (RASD) s’est largement développée. La dynamique des retraits de cette reconnaissance, conjuguée à l’ouverture internationale de l’économie marocaine, a eu raison du dogme diplomatique hassanien qui imposait un gel de facto des relations commerciales avec ceux qui contestaient « l’intégrité territoriale » du royaume.
Ce constat est valable y compris concernant l’Algérie voisine, que Rabat considère comme responsable du conflit au Sahara occidental, mais avec laquelle le volume d’échanges a atteint 720 millions d’euros en 2008. De même, après un brutal recul lié à la reconnaissance de la RASD par Pretoria en 2004, le commerce bilatéral est reparti à la hausse avec l’Afrique du Sud (210 millions d’euros en 2008) et a doublé en un an avec le Nigeria (60 millions d’euros), qui, pourtant, a seulement « gelé » sa reconnaissance de la RASD.
Bientôt des accords de libre-échange ?
Cela étant, pour l’heure, Rabat n’a encore signé aucun accord de libre-échange bilatéral ou multilatéral avec ses partenaires du sud du Sahara. Les négociations engagées depuis 2002 pour un futur démantèlement douanier avec les 8 pays membres de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA) « devraient bientôt aboutir au moins sur le volet artisanal », précise une source diplomatique marocaine. Le calendrier des quinze membres de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao) est également programmé. Gageons que, le jour où ces accords entreront en vigueur, le paravent symbolique de l’UA et de son actuel mentor, Mouammar Kadhafi, ne pèseront pas lourd pour enrayer une intégration économique de l’Afrique occidentale dont le Maroc serait à la fois le moteur et la passerelle vers l’Union européenne (UE). Cette diplomatie économique semble d’ailleurs se décliner beaucoup plus en complémentarité qu’en concurrence avec l’UE, qui reste le premier partenaire commercial du royaume.
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