Tourisme : les règles de bon voisinage
Si les visiteurs européens sont moins nombreux qu’auparavant, algériens et libyens ont pris le relais.
Personne ne s’y attendait, mais le tourisme tunisien a tiré son épingle du jeu. Selon Khelil Lajimi, ministre du secteur, le recul du nombre de visiteurs s’est limité à – 2 % sur neuf mois (5,5 millions de visiteurs fin septembre), ce qui est une petite victoire sur la crise car, en recettes, le bilan est positif avec une progression de + 3,3 % sur la même période. Cet heureux bilan est le résultat de deux mouvements contradictoires. Le premier a vu une régression de la clientèle européenne, et surtout celle de l’Europe centrale et orientale (– 30 % à – 40 %) dont les monnaies ont été fortement dévaluées. Le nombre de touristes français a baissé, lui, de 3 % environ.
La seconde évolution, qui a tout sauvé, concerne le tourisme de voisinage. « Nous accueillons deux millions de Libyens et un million d’Algériens dans les régions de Hammamet, Nabeul, Sousse, et du côté de Tabarka, explique Lajimi. Les Libyens viennent surtout se soigner dans nos cliniques. Les Algériens jouissent d’un fort pouvoir d’achat et dépensent plus que les touristes européens. Un exemple : cet été, grâce à eux, un supermarché de Sousse a été ouvert vingt-quatre heures sur vingt-quatre et sept jours sur sept ! »
Reste que le tourisme tunisien souffre d’un certain nombre de lacunes qu’a mis en lumière une étude stratégique sur ses principaux concurrents à l’horizon 2016. Côté aérien, il manque de liaisons point à point et de compagnies à bas coûts vers l’Europe. Pour attirer les clientèles asiatiques fortement rémunératrices, il faudra que Tunisair se mette au long-courrier.
Côté produits, la monoculture balnéaire et estivale plafonne. Les responsables travaillent donc à une extension des activités hors saison grâce au développement du tourisme saharien (Tozeur, Nefta, Tamerza) et du tourisme culturel, qui aurait la vertu de conduire des groupes dans les zones de l’intérieur… à condition d’y créer un minimum d’infrastructures d’accueil conformes aux exigences d’une clientèle plus exigeante que celles des plages.
Côté hôtellerie enfin, la rénovation est à l’ordre du jour, car bon nombre des 200 000 lits ont vieilli. « Nous allons en profiter pour adopter les normes de qualité européennes », souligne Lajimi.
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