Microcrédit : une réussite indiscutable
Ce système de financement a facilité l’émergence d’une nouvelle génération de petits patrons.
Nariha, Wassila, Fatma, Saloua, Fathia et Houssine sont débordants d’optimisme. Cinq femmes, un homme. Ils fabriquent des vêtements pour enfants, des parfums ou des pâtisseries. Ils vendent au gré de la demande de leurs concitoyens dans la région de Tunis. La crise ? Connais pas.
Oh, bien sûr ! L’électricité, la farine, le fil et les tissus, l’essence pour apporter la marchandise au souk et les loyers coûtent de plus en plus cher, alors que les clients sont de plus en plus regardants sur le prix, mais « Hamdoulillah », on se contente de ce que Dieu donne !
Réunis pour une séance de formation à la gestion, ils ne tarissent pas d’éloges sur leur « bonne maman », l’Enda Inter-arabe, principal organisme privé de microcrédit de Tunisie, qui les a accompagnés dans leurs projets respectifs. La fidélité est réciproque : Houssine emprunte et rembourse depuis dix ans avec une ponctualité de métronome. « Jamais un jour de retard », dit-il.
Fondée en 1990 dans la mouvance de l’ONG Enda-Tiers Monde de Dakar, l’organisation marche sur les pas de la Grameen Bank, au Bangladesh .
« Il est clair que le microentrepreneuriat n’est pas une solution miracle pour vaincre la pauvreté, souligne Michaël P. Cracknell, son secrétaire général. En effet, ce n’est pas donné à tout le monde d’être entrepreneur dans un contexte d’ouverture des frontières à la concurrence internationale. Mais la réussite de ces stratégies de la débrouillardise et du courage prouve que la pauvreté n’est pas une fatalité et que la dignité est plus savoureuse quand elle est conférée par un revenu. »
Le succès de ses entreprenants débiteurs a fait aussi celui de Enda Inter-arabe, qui compte 120 000 emprunteurs pour un prêt moyen de 681 dinars (maximum 5 000 dinars) et une durée moyenne de neuf mois, au taux de 2 % mensuel et fixe. Le taux de remboursement est de 99 %. Depuis 1995, 260 millions de dinars ont été prêtés.
Les 57 agences et les 400 agents de crédit de l’ONG devraient pouvoir sans peine doubler leur clientèle d’ici à 2011, car « nous estimons, précise Cracknell, qu’il existe en Tunisie un million de clients potentiels pour le microcrédit ». L’argent de la baraka et du travail.
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