La déception française
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La lecture de la polémique autour de l’élection présidentielle gabonaise est d’un intérêt capital à l’heure où l’on parle d’une monarchisation des régimes politiques africains. Elle jette une lumière crue sur la « rupture » de la politique africaine de la France. Tout d’abord, à Dakar, le président français a prôné un « partenariat » entre la France et l’Afrique qui soit en rupture avec le passé. Il a également proposé de « chasser les vieux démons du clientélisme, du paternalisme et de l’assistanat », tout en refusant stratégiquement de « ressasser le passé » colonial et en écartant – opportunément et avec sagacité – toute idée de « repentance ». « On ne peut pas tout mettre sur le dos de la colonisation […]. La corruption, les dictateurs, les génocides, c’est pas la colonisation », avait-il précisé à Libreville, avec une dialectique particulièrement enrichissante…
Avec de tels discours moralisateurs, émaillés de rodomontades et fanfaronnades, M. Sarkozy ouvre un boulevard d’ambiguïtés et d’incohérences qui me laisse perplexe, surtout à l’issue de l’élection présidentielle gabonaise. Le soutien affiché du président français au candidat élu, à travers son « conseiller Afrique », Robert Bourgi, est d’autant plus surprenant que, l’instant d’avant, il fustigeait la corruption du népotisme et les dégâts causés par les dictatures. Les premiers actes du président français ont déçu. Mais pouvait-il en aller autrement de la part de l’homme du discours scandaleux et déplacé de Dakar sur « l’homme africain pas assez entré dans l’Histoire » ?
Patrice Moundounga Mouity, politologue et essayiste, Bordeaux, France
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