Une guerre sans fin

Renaud de Rochebrune

Publié le 20 octobre 2009 Lecture : 1 minute.

Curieusement, vu la durée et l’ampleur de l’événement, la guerre d’Algérie a peu fourni la trame de grands romans français. Ce relatif silence est l’écho, bien sûr, du silence obstiné des soldats de l’armée du colonisateur à leur retour des djebels. Tout le monde l’a remarqué : dans les familles de l’Hexagone où l’on parlait auparavant si volontiers de la guerre de 14-18, les hommes ont toujours refusé de conter leurs souvenirs réels ou imaginaires du conflit dont ils furent les acteurs de l’autre côté de la Méditerranée. Ce qu’ils ont voulu taire, ce n’est pas tant une défaite qu’une guerre sale dont on a honte.

De ce silence et de ses manifestations insidieuses dans une famille du centre rural de la France, Laurent Mauvignier a fait la matière de son magnifique roman, Des hommes, à juste titre l’un des favoris pour le prochain Goncourt. Il raconte comment, de nos jours, une fête d’anniversaire qui tourne mal fait resurgir chez deux anciens conscrits, appelés à « servir » en Algérie, des scènes horribles qui les hantent depuis cinquante ans : le napalm, les villages vidés et détruits, les exécutions sommaires, les humiliations… Un récit qu’envahissent les flash-back saisissants mais qui tire surtout sa force du style de l’écriture. Et en particulier du rythme effréné des phrases sculptées par un auteur qui entraîne le lecteur vers un univers tragique, où l’on meurt à petit feu de ses blessures « de l’intérieur ».

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