Sexe et mensonges à Bamako
La Compagnie des cochons, nouvel album d’Arnaud Floc’h, a pour personnage principal un certain Sidibé, photographe de son état. Mais, même si l’intrigue se déroule à Bamako, ledit Sidibé n’a rien à voir avec le grand artiste malien Malick Sidibé. Il utilise en effet son appareil dans la seule perspective de faire de l’argent. À plus ou moins bon escient. S’il photographie des courses de handicapés, c’est pour exposer ses clichés au Centre culturel et recueillir l’argent nécessaire à l’achat de chaises roulantes. S’il immortalise les aventures extraconjugales des expatriés ou des Africains aisés de la ville, c’est bien entendu aussi dans la perspective de gagner de l’argent. Ou de renseigner la police. Mais ce genre de magouille est risqué…
En quelque cent pages aux couleurs ocres, qui rendent palpable l’atmosphère de Bamako, Arnaud Floc’h s’immisce sans états d’âme dans les relations complexes qu’entretiennent â¨Blancs et Noirs, riches et pauvres, Maliens de différentes ethnies. Sexe, jalousie, pouvoir. Conteur habile que l’on sent habité par l’Afrique, le dessinateur de 48 ans parvient à louvoyer entre les clichés pour livrer un récit qui glisse vers la tragédie.
