L’offre monte en puissance

Longtemps négligé par les entreprises africaines, ce type de remise à niveau constitue désormais un outil indispensable à leur compétitivité. Cabinets et organismes spécialisés, locaux et internationaux, en profitent pour étoffer leurs services.

Publié le 27 octobre 2009 Lecture : 4 minutes.

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Emploi et formation: mention assez bien, persévérez…

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Ouverture d’une filiale, lancement d’une nouvelle activité, restructuration d’un service, réorganisation managériale, nouveaux défis technologiques… Face aux enjeux économiques actuels, les entreprises africaines ont de plus en plus recours à la formation professionnelle pour remettre à niveau les compétences de leurs effectifs afin de répondre à de nouveaux besoins de compétitivité. « Les entreprises considéraient autrefois la formation continue comme un luxe. De plus, elles n’appréciaient guère de voir leurs salariés éloignés de leur poste de travail. Aujourd’hui, dans une conjoncture de plus en plus mouvante et incertaine, elles y voient un moyen d’améliorer leur capacité d’adaptation », explique Saïd Agbanrin, consultant de Mane Gere Associés, un cabinet de conseil et de formation, installé au Niger, au Bénin, en Côte d’Ivoire, au Sénégal, en Tunisie et en France. De parent pauvre de l’enseignement, ce mode de valorisation et de développement du « capital humain » est ainsi devenu, depuis cinq ans, une priorité stratégique pour un nombre croissant de sociétés, notamment en Afrique subsaharienne, dans les secteurs les plus concurrentiels, de la banque aux télécoms en passant par le conseil et la finance.

Croissance de 20 % du marché

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Une nouvelle attitude souvent favorisée par une législation clairement incitatrice. « En dehors du Niger, qui rassemble plutôt des fonds issus des bailleurs internationaux, la plupart des États se sont dotés d’organismes collecteurs qui récupèrent les financements auprès des entreprises elles-mêmes. Ces services fonctionnent souvent de façon très efficace et transparente ! » poursuit Saïd Agbanrin.

La conjoncture économique, paradoxalement, favorise aussi la formation continue : « On ne peut plus s’en passer ! » s’exclame Hervé Ndoume Essingone, directeur général de la BGFI Business School, le centre de formation, à Libreville, de BGFIBank, un grand groupe bancaire panafricain. « Comment consolider ses positions ou conquérir de nouveaux marchés si l’on ne renforce pas en permanence son expertise ? La formation continue est pour cela un outil efficace… », revendique-t-il. Certains acteurs du secteur l’ont bien compris. Du coup, les organismes indépendants se multiplient, en s’appuyant le plus souvent sur un réseau de dimension régionale, pour prendre leurs parts d’un marché qui croît de plus de 20 % par an… C’est le cas de Mane Gere, qui insiste sur sa volonté de proposer des formations pragmatiques et concrètes, souvent rapides – quelques jours, voire quelques heures – et directement exploitables au quotidien. Des journées denses qui s’attachent soit à développer un savoir-faire technique (bureautique, langues…), soit à améliorer les compétences managériales des cadres moyens et supérieurs, notamment dans les banques et les télécoms. Ces structures peuvent aussi répondre à des besoins plus ponctuels, liés à un événement spécifique ou bien à un appel d’offres. La Coupe du monde de football en juin 2010 en Afrique du Sud conduit par exemple le secteur hôtelier à multiplier les opérations de formation. Et la sélection des prestataires à l’issue d’un appel d’offres devient un mode de plus en plus courant, surtout pour les contrats importants portant sur plusieurs centaines de salariés. Mane Gere intervient ainsi depuis plusieurs années au sein de la quasi-totalité des hôtels Accor en Afrique pour y former des dirigeants et des chefs de service « qui doivent actualiser leur savoir-faire managérial… »

Partenariat franco-algérien

Aux côtés des opérateurs nationaux, grandes écoles ou centres de formation français s’intéressent aussi de très près à ce type de marché. Euromed Management, une école marseillaise, vient ainsi de remporter un appel d’offres lancé par Sonelgaz, l’entreprise publique gazière algérienne. À la clé, une opération massive qui conduira l’établissement marseillais à intervenir auprès de quelque 550 cadres dirigeants de l’opérateur. Avec sa partenaire installée dans le pays, l’École supérieure algérienne des affaires (Esaa), Euromed dispensera des formations longues (de quinze à vingt-huit jours) en management général et en gestion des ressources humaines. Objectif : accompagner l’effort de mutation d’un opérateur public contraint de se préparer à la libéralisation du marché. D’autres projets pourraient être menés à bien par Euromed en Algérie et au Maroc. « Qu’il s’agisse des services bancaires, du tourisme, de l’activité portuaire, ou bien des transports et de la logistique maritimes, nous voulons capitaliser sur l’expertise développée à Marseille et affirmer notre positionnement sur l’espace euro-méditerranéen », souligne Françoise Lassalle-Cottin, directrice de la formation continue à Euromed Management.

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Antenne à Dakar

L’école supérieure de commerce Bordeaux Management School a, elle, franchi une nouvelle étape en ouvrant en 2008 une antenne à Dakar. L’école y proposera à la fois enseignement initial et formation continue à une population francophone d’étudiants et de jeunes cadres issus de l’ensemble de l’Afrique de l’Ouest. D’autres préfèrent rester sur place, misant sur une réputation d’excellence qui peut leur attirer les meilleurs éléments. C’est le cas de Sciences-Po Paris, qui dispensera dès 2010 une formation de haut niveau destinée aux cadres dirigeants de la fonction publique. À partir de février 2010, une quinzaine de hauts fonctionnaires africains envoyés par leurs gouvernements, décideurs locaux et cadres d’organisations internationales se retrouveront à Paris pour y suivre un enseignement en « gestion publique et management ». Durant trois périodes de deux semaines chacune, experts français et africains se succéderont pour « leur donner des clés d’initiation et de développement des politiques publiques adaptées à leurs situations spécifiques », indique Julie Thinès, chargée des programmes de formation continue à Sciences-Po.

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Écoles de gestion ou spécialistes de la formation continue, en Afrique francophone ou en Europe, diversifient ainsi leur offre de formation aux entreprises. Quitte, pour mieux les convaincre, à multiplier leurs interventions et à organiser, au sein même de leurs locaux, « business breakfasts », séminaires et autres réunions d’information. L’idée est de développer un marché dans lequel, semble-t-il, tout le monde y gagne…

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