Les banques plébiscitées par les étudiants

L’enquête de Jeune Afrique réalisée sur un panel de grandes écoles de commerce place le secteur bancaire en priorité des recherches d’emploi. La téléphonie mobile et les cabinets de conseil ont également la cote.

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© Vincent Fournier pour JA

Publié le 27 octobre 2009 Lecture : 5 minutes.

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Image des grands groupes occidentaux ternie par la crise, plébiscite des banques étrangères et panafricaines, grand intérêt pour les cabinets d’audit et d’expertise et les firmes internationales de télécommunications. Tels sont les principaux enseignements du palmarès des entreprises préférées des étudiants qui ressort de l’enquête réalisée par Jeune Afrique auprès de quelques écoles de commerce en Afrique subsaharienne et au Maghreb, ainsi que de sollicitations de certains cabinets de recrutement. L’étude n’est cependant pas exhaustive. Car elle n’a pas la prétention d’aboutir à un classement rigoureux des entreprises les plus prisées des étudiants, en fonction de leur réputation. Il s’agit surtout de dégager une tendance générale des raisons qui poussent les jeunes diplômés à postuler pour un emploi dans une entreprise plutôt que dans une autre. Aussi, la liste hiérarchique des entreprises que nous proposons dans le tableau ci-après est fondée sur les groupes les plus souvent cités, autant par les étudiants que par les cabinets de recrutement consultés.

Image sérieuse de la finance

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Il apparaît donc au terme d’un tour d’horizon plutôt arbitraire que le secteur bancaire africain n’a pas perdu de son attractivité auprès de ses futurs cadres. Au contraire, la restructuration qu’il opère et qui, paradoxalement, l’oblige à recruter en masse en faisant de plus en plus appel à de nouvelles compétences joue en sa faveur. Ainsi, en Afrique de l’Ouest, Ecobank se classe parmi les établissements qui reviennent systématiquement. Cette sorte de plébiscite s’explique d’une part par l’image sérieuse d’une banque panafricaine dont les activités ne cessent de croître, et d’autre part par « l’esprit rigoureux qu’elle dégage ». « Le port de l’uniforme par ses salariés donne aux jeunes diplômés le sentiment de continuer à apprendre et d’appartenir à une famille », affirme un recruteur. Par ailleurs, « les étudiants aspirent à travailler au sein du groupe pour profiter de son large réseau international et bénéficier ainsi d’expériences à l’étranger », ajoute Abdou Ouattara, enseignant en finance et membre de l’équipe de coordination du master banque et finance du Centre africain d’études supérieures en gestion (Cesag) de Dakar. La forte politique de communication d’Ecobank dans les institutions de formation avec lesquelles l’établissement financier noue de nombreux partenariats contribue à renforcer son attrait. Au Cesag, par exemple, la banque recrute « systématiquement plus d’une dizaine de stagiaires par an, soit près de la moitié des effectifs de la filière banque et finance », révèle Abdou Ouattara.

D’autres banques africaines attisent également la convoitise des jeunes diplômés, qui affirment être intéressés par toute société bancaire et financière hormis « les vieilles banques commerciales qui ne leur permettent pas d’exprimer leurs talents une fois employés ». Ainsi, en Afrique subsaharienne, United Bank of Africa (UBA) est devenue l’un des principaux recruteurs du secteur. La banque nigériane, en pleine expansion dans la sous-région, pratique une politique de recrutement agressive aussi bien auprès des jeunes diplômés que des salariés plus expérimentés. « Beaucoup d’étudiants caressent l’ambition de travailler pour UBA », confirme le responsable d’un centre de formation et de recrutement. En dépit de l’image peu affriolante des banques nigérianes, les rémunérations avantageuses qu’offre UBA restent une motivation centrale. Par ailleurs, les filiales des banques étrangères séduisent aussi. Issouf Ismael Comara, étudiant en master banque et finance au Cesag, affirme son intérêt « pour les établissements anglo-saxons comme Citigroup Gabon et Standard Chartered Bank ». Ce jeune Ivoirien de 25 ans explique son choix en raison de « la culture de ces banques propice à donner leur chance aux jeunes diplômés. Une culture d’entreprise, qui tranche avec celle des groupes francophones où la hiérarchie reste lourde et figée ».

Postes plus souples

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En effet, les entreprises qui séduisent sont celles qui proposent des postes plus attrayants et plus souples, facilement accessibles aux diplômés fraîchement sortis des grandes écoles. Ainsi, en dehors du secteur bancaire, les compagnies opérant dans les domaines en plein essor de l’informatique et des télécommunications, notamment dans la téléphonie mobile, sont prisées. À l’instar de grands groupes tels que le français Orange ou le sud-africain MTN. En Afrique de l’Ouest, ces opérateurs de télécoms qui recrutent en masse des jeunes commerciaux pour soutenir leur expansion jouissent d’une excellente image. Selon Joël-Éric Missainhoun, gérant du cabinet de conseil en ressources humaines AfricSearch, la popularité des entreprises est aussi liée à l’effet de l’emploi de masse. Les recrutés jouent les thuriféraires pour leur entreprise auprès des promotions de jeunes collègues suivant encore le cursus des écoles.

D’une façon générale, les entreprises préférées sont celles qui adoptent des plans de communication ciblés sur les étudiants. « La première fois que KPMG est venu à l’école, le cabinet français d’audit, d’expertise comptable et de conseil n’a pas attiré foule », se souvient Frédéric Frantz, le directeur de développement chargé de la relation avec les entreprises de l’École supérieure des affaires d’Algérie (Esaa). KPMG est ainsi parvenu peu à peu à compter parmi les entreprises les plus séduisantes aux yeux des élèves de la grande école algérienne. Selon Frédéric Frantz, ses étudiants « sont davantage attirés par les entreprises privées comme Deloitte ou des filiales des banques étrangères que par les sociétés publiques », même si Sonatrach, le géant pétrolier algérien, reste une des principales compagnies vers lesquelles ils s’orientent.

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Les raisons d’une telle sélection ? En règle générale, les sociétés privées offre des rémunérations plus intéressantes que les organisations publiques. Le désir de mobilité pèse également beaucoup dans le choix. Les jeunes diplômés sont en effet de plus en plus intéressés par les expériences à l’étranger que peuvent leur offrir les multinationales.

Un sondage réalisé, en 2008, sur le salon Afric Talents organisé à Dakar par le recruteur AfricSearch, auprès d’un échantillon de 505 étudiants et de jeunes diplômés, place les objectifs et le caractère sérieux du management des entreprises en tête des motivations pour 62 % des sondés. Viennent ensuite la dimension internationale (42 %) puis les valeurs éthiques et sociales (40 %). La réputation ainsi que la stabilité financière de la société comptent pour un peu plus de 35 % des étudiants.

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