Rebelle, mais docile

C’est un drôle de poisson qui, à partir du 19 octobre, doit comparaître devant la chambre préliminaire numéro un de la Cour pénale internationale (CPI) : suspecté de trois crimes de guerre, Abou Garda est totalement libre. Chaque soir des dix journées d’audience de « confirmation des charges » (qui doivent établir si un procès se justifie ou non), ce Soudanais de 46 ans dormira donc où bon lui semble.

Président du Front uni de résistance (FUR), groupe dissident du Mouvement pour la justice et l’égalité (MJE), le principal mouvement rebelle du Darfour, il s’était présenté de son plein gré à La Haye, en mai dernier. Se sachant dans la ligne de mire du procureur Luis Moreno-Ocampo, il avait prévenu les juges de sa disponibilité. Une attitude qui lui permet de faire l’objet d’une simple citation à comparaître, et non d’un mandat d’arrêt.

Selon le procureur, Abou Garda serait responsable, avec deux autres combattants toujours dans la nature, de l’attaque d’Haskanita, en septembre 2007. Cette base militaire du Nord-Darfour avait subi un assaut occasionnant la mort de douze soldats – maliens, sénégalais, gambiens, nigérians et botswanais – de la Mission de l’Union africaine au Soudan (Muas). Une occasion pour la CPI, souvent accusée d’être braquée contre les États africains, de montrer qu’elle peut aussi prendre leur défense.

Toute la question est de savoir si Abou Garda sera aussi coopératif que lors de sa première comparution, purement technique, en mai dernier. « La Cour apprécie grandement que vous comparaissiez volontairement », avait salué un magistrat. De son côté, Abou Garda avait clamé son innocence et appelé « Omar el-Béchir et les autres à affronter la justice ». Un moyen de désigner le vrai coupable à ses yeux : le président soudanais, sous le coup d’un mandat d’arrêt de la Cour depuis mars dernier.