Ali à l’heure des choix

GEORGES-DOUGUELI_2024

Publié le 26 octobre 2009 Lecture : 3 minutes.

Le 16 octobre, sous le ciel bas et orageux de Libreville, vingt et un coups de canon ont célébré l’investiture du troisième président de la République gabonaise. Au premier rang des invités, Amadou Toumani Touré (Mali), Denis Sassou Nguesso (Congo), Joseph Kabila (RD Congo), Teodoro Obiang Nguema (Guinée équatoriale), Fradique de Menezes (São Tomé e Príncipe), Faure Gnassingbé (Togo), Thomas Boni Yayi (Bénin) et François Bozizé (Centrafrique). Représentée par Alain Joyandet, le secrétaire d’État à la Coopération, et par André Parant, le nouveau « Monsieur Afrique » de l’Élysée, la France est venue dire sa « disponibilité » à accompagner les premiers pas du fils d’Omar Bongo Ondimba, fidèle allié de quarante et un ans, disparu le 8 juin dernier à Barcelone, en Espagne.

Les feux d’artifice qui ont illuminé le Palais du bord de mer marquent aussi la fin d’une transition aux allures de course d’obstacles. Pour avoir le droit de succéder à son père, Ali Bongo Ondimba a dû batailler pour obtenir que l’appareil du Parti démocratique gabonais (PDG) soutienne sa candidature et affronter ses anciens camarades de l’ex-parti unique, qui n’ont pas renoncé à briguer la présidence en indépendants.

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Au cours d’une campagne aussi virile qu’onéreuse, les candidats ont croisé le fer dans un climat de tension exacerbée par des replis ethniques et régionalistes. Finalement, le scrutin s’est déroulé sans violences. Mais il reste, selon l’opposition, « entaché de fraudes ». Conséquence : plus d’un mois après l’annonce des résultats, le pays attendait encore la décision de la Cour constitutionnelle, qui ne les a confirmés que le 12 octobre. 

Un œil sur le rétroviseur

C’est aussi la fin d’une époque marquée par une gouvernance de « chef batéké », paternaliste, consensuelle. Qu’ils gravitent autour d’Ali ou qu’ils aient basculé dans l’opposition, la plupart des héritiers du bongoïsme appellent de leurs vœux l’acte de décès d’un système aujourd’hui rejeté par la majorité de la population. Aussi à Libreville attend-on les premiers actes du nouveau président avec impatience. Lors de son discours d’investiture, il a promis que « le talent et la compétence primeront toute considération géographique » lors de la formation du gouvernement. Mais tous les dignitaires qui ont volé au secours de la victoire accepteront-ils sans broncher le renouvellement de la classe politique que promeut Ali ? Quelle sera sa marge de manœuvre face aux « faiseurs de rois ? » On se perd en conjectures. « Je n’aimerais pas être à sa place », le plaint un observateur avisé.

Le nouveau président va aussi devoir garder un œil dans le rétroviseur. Une nouvelle opposition, renforcée par l’arrivée de transfuges du PDG, se tient en embuscade. La menace la plus redoutable est incarnée par André Mba Obame, qui a entamé une grève de la faim le 12 octobre. Dans un communiqué, il assure qu’elle durera aussi longtemps que « la force et la violence seront utilisées comme les seules voies permettant de régler la grave crise sociopolitique que traverse actuellement le Gabon ».

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Il n’en est pas de même pour Pierre Mamboundou. Arrivé deuxième de la présidentielle selon le recomptage effectué par la Cour constitutionnelle, le président de l’Union du peuple gabonais se fait systématiquement représenter aux réunions de l’opposition. Les absences de « l’opposant historique » ont relancé les rumeurs qui couraient bien avant le scrutin sur son état de santé.

Pour l’instant, le rejet des résultats de la présidentielle constitue un ciment d’entente entre les ténors de l’opposition. Unie, cette coalition, qui pèse 50 % des voix, pourrait créer la surprise aux prochaines législatives prévues en 2011. Mais résistera-t-elle au choc des ambitions ?

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