Présidentielle : pourquoi Gbagbo fait la course en tête

L’avance du chef de l’État sur ses concurrents se confirme. Mais s’il bénéficie de la « prime au sortant » et s’il passe pour « proche des gens », le temps ne joue pas forcément en sa faveur.

FRANCOIS-SOUDAN_2024

Publié le 26 octobre 2009 Lecture : 3 minutes.

C’est à n’y plus guère comprendre. Alors que la rumeur d’un nouveau report de l’échéance se fait de plus en plus insistante à Abidjan, n’importe quel politologue un peu averti vous confirmera qu’avec une telle constance favorable dans les sondages, l’intérêt de Laurent Gbagbo serait que l’élection présidentielle ivoirienne se tienne… le plus rapidement possible. Réalisée au cours de la seconde quinzaine d’août, soit un peu plus de deux mois après le sondage dont J.A. avait déjà rendu compte, cette seconde enquête TNS Sofres confirme et complète en effet les enseignements précédents avec une remarquable permanence. 

Campagne courte

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Les résultats du premier tour (42 % des suffrages exprimés pour Gbagbo, soit 1 point de moins qu’en juin, 30 % pour Henri Konan Bédié, soit 1 point de plus, et 28 % pour Alassane Ouattara, qui ne bouge pas) sont pratiquement identiques. Tout comme ceux du second tour qui, dans la configuration issue de ce sondage, opposerait Gbagbo à Bédié : 52 % des suffrages exprimés pour le premier, 48 % pour le second. « On a affaire à un vote structuré et quasi monolithique », commente Brice Teinturier, le numéro deux de la Sofres, qui a piloté cette enquête menée auprès d’un échantillon de 1 400 électeurs ivoiriens à travers onze régions du pays. « L’homogénéité des résultats est un plus pour Gbagbo, mais leur durabilité n’est pas garantie ; il a donc intérêt à mener une campagne courte. »

Autre motif de satisfaction pour le président ivoirien : l’image et la crédibilité comparées des trois principaux candidats. Là aussi, on ne peut qu’être frappé par la cohérence des réponses, puisque le candidat qui recueille le plus d’intentions de votes est aussi celui qui a la meilleure image et récolte le meilleur taux de crédibilité dans tous les domaines. Même logique pour ses deux concurrents, Henri Konan Bédié devançant (de peu) Alassane Ouattara, y compris dans des secteurs considérés comme étant des points forts du second, tels l’emploi, la lutte contre la pauvreté ou l’amélioration des infrastructures. 

Partiel, partial

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Certes, la prime de légitimité au sortant, classique en pareil cas, a peut-être conduit à surestimer le scrutin pro-Gbagbo. Brice Teinturier n’écarte pas cette hypothèse, mais considère que le réflexe institutionnel des sondés ne joue pratiquement plus dès que l’on sort du champ de l’élection pour aborder celui des explications de vote. À cet égard, un indicateur ne peut qu’interpeller l’observateur. À la question : « Qui est le plus proche des gens ? », les Ivoiriens interrogés placent Gbagbo nettement en tête, alors qu’en ce domaine les présidents en exercice, que le pouvoir isole souvent, font en général piètre figure. La gouaille et le côté « homme du peuple » du camarade Laurent jouent ici un rôle clé.

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À l’instar du précédent, ce dernier sondage a été réalisé pour le compte de Leabond Ltd, une société proche du Front populaire ivoirien, le parti de Laurent Gbagbo. Il suscitera donc, du côté de l’opposition, les mêmes critiques que le premier : partiel, partial, à prendre avec des pincettes. Et les mêmes réponses de la part de l’opérateur et de son commanditaire : TNS Sofres est un institut sérieux et crédible, si d’autres enquêtes d’opinion ont été réalisées sur les intentions de vote à la présidentielle, qu’on les sorte ! 

Le jour J

Il est un point pourtant sur lequel les deux parties ne peuvent qu’être d’accord : seuls compteront les résultats du jour J. L’un des enseignements les moins sujets à polémique de ce sondage porte ainsi sur la vague, presque le tsunami d’espoir soulevé par le scrutin : 95 % des personnes interrogées pensent qu’avec les élections « les choses peuvent vraiment changer en Côte d’Ivoire ». Un résultat réconfortant pour ceux qui pensaient que les Africains ne croyaient plus aux urnes comme vecteur de changement. Mais un résultat terriblement impressionnant – en termes d’attentes de la population – pour le prochain élu.

 

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